Conte enfant
 
Fabrique un conte perso

 Conte arabe (60)
 Conte bébé (6)
 Conte chinois (16)
 Conte de fee (77)
 Conte ecole (34)
 Conte enfant (26)
 Conte japonais (32)
 Conte merveilleux (78)
 Conte mexicain (20)
 Conte russe (13)
 Conte tunisien (4)
 Contes africain (71)
 Contes andersen (57)
 Contes animaux (78)
 Contes bretons (16)
 Contes de grimm (139)
 Contes de la becasse (17)
 Contes de la crypte (34)
 Contes de noel (73)
 Contes de perrault (13)
 Contes des milles et une nuit (4)
 Contes du Maroc (3)
 Contes du monde (45)
 Contes écrits par des enfants (97)
 Contes égyptiens (2)
 Contes en ligne (72)
 Contes et légendes (26)
 Contes fantastiques (12)
 Contes hoffmann (12)
 Contes horreur halloween (3)
 Contes inde (32)
 Contes marocain (33)
 Contes scandinaves (7)
 Contes traditionnel (25)
 Fable La Fontaine (31)
 Histoire du conte (11)

 
La seconde vue  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

Un rude jour de neige, il y avait une pauvre veuve qui demeurait à Caisleân an Eacaéid (Castle Hackett) auprès de Cnoc Meagha, dans le comté de Galway; elle s'appelait Nôra Ni Mac Aodha (Mackay). Elle était pauvre. De son état elle était sage-femme.

Elle était dehors à ramasser du fagot pour faire du feu à ses enfants. Elle entendit le bruit d'un marteau derrière elle. Elle regarda et vit un petit homme vêtu d'une casaque rouge, d'un pantalon et d'un tablier de cuir; il battait du cuir sur un fer qui était sur ses genoux.


Elle pensa aussitôt que c'était le Nain-Cordonnier (1) qui était là, et elle avait entendu dire, dans le cours de sa vie, que si on le regardait sans le quitter des yeux, il livrerait son trésor, mais que, si on le perdait de vue, il partirait et qu'on ne le reverrait plus.


Elle s'avança vers lui, il fit un saut et laissa tomber son morceau de cuir par terre. Il lui dit :"Ramasse-le" Pendant qu'elle se baissait, le voilà parti ! Elle releva le cuir, et quand elle regarda, il était hors de vue. Son chagrin fut grand. Voici ce qu'elle dit :"J'ai perdu ma richesse, mais cela ne fait rien, l'aide de Dieu est plus près que la porte". (2)


Alors, elle mit le fagot sur sa nuque et elle retourna à la maison. Alors, elle vit venir un cavalier monté sur un cheval blanc. Il la salua et lui dit :


- Connais-tu une femme nommée Nôra Ni Mac Aodha qui est sage-femme ?
- Tu tombes bien, mon amour, je suis la femme que tu cherches.
- Si tu es cette femme, monte en croupe !


Il fit reculer son cheval jusqu'à une marche. Nôra se débarrassa de son fagot : elle monta sur la marche, de là elle sauta sur la croupe du cheval; il partit aussi vite que le pouvait le cheval; il dit que la reine Nuala, femme de Finnbhearra, était très mal quand il avait quitté le bruidhean (la maison des fées), - le cavalier qui était là était un des Bonnes Gens - il entra sous un long porche sombre qui traversait la colline.

Nôra fut prise de terreur quand elle se vit aller par ce chemin-là. Elle ne tarda pas à voir devant elle une demeure comme elle n'en avait jamais vue et comme elle pensait n'en voir jamais de pareille. On la conduisit à la grand-porte du bruidhean, et on la fit descendre de cheval.


Il y avait à la porte devant elle douze dames de compagnie. Chacune souhaita cent mille bienvenues à Nôra Ni Mac Aodha en l'appelant par son nom de famille.


- Puissiez-vous rester en bonne santé ! dit Nôra, comment avez-vous connu mon nom ?
- Cela n'a pas d'importance, Nôra, dit l'une d'elles.


On fit monter Nôra à la chambre de la reine; elles y laissèrent Nôra et se dispersèrent. Ce fut bien et ce ne fut pas mal. Nôra n'était pas entrée depuis longtemps qu'un petit garçon venait au monde. Il y eut une grande joie à la cour quand on apprit cette nouvelle.


Nôra dit ce qu'elle avait à faire. Elle habilla l'enfant et le donna à la reine dans son lit. Une jeune dame entra; la reine lui dit de conduire Nôra et de lui faire préparer quelque chose à manger. Nôra eut à manger et à boire comme elle n'en avait jamais eu auparavant et comme elle n'en eut pas après, depuis qu'elle avait quitté Caisleân an Eacaéid.


Nôra fut dans le bruidhean pendant un mois, et elle pensait qu'elle était dans le paradis; elle ne savait comment elle pourrait quitter un endroit si beau et si agréable que cet endroit-là; mais tout le cours de ce mois-là ses pauvres enfants furent dans un grand dénuement jusqu'à ce qu'elle revînt vers eux.


Aussi vite que la reine fut bien et put s'asseoir, elle sortit un jour elle-même avec ses dames de compagnie. Il y avait une auge en dedans de la porte. La reine, la première, plongea le doigt dans l'auge et le posa sur son oeil droit et chacune des autres femmes fit de même. Elles faisaient toujours ainsi en quittant le bruidhean pour être invisibles aux yeux des hommes vivants.

Quand elles furent sorties, Nôra se dit à elle-même : "Ce n'est pas plus pour vous que pour moi", et elle fit comme elles avaient fait.

Très peu de temps après, la reine paya Nôra et lui dit qu'elle ne la garderait pas plus longtemps loin de chez elle. La reine lui demanda si elle avait une vache.


- Non, mon amour, dit Nôra.
- Voici dix livres pour toi, et achète une vache. dit la reine.


Les vaches étaient bon marché en ce temps-là et elle se dit qu'elle pourrait acheter des provisions avec ce qu'elle aurait après avoir acheté la vache. Nôra quitta la reine en lui souhaitant santé et bénédiction.


Elle alla à la foire à Turlach Môr et alla acheter une vache.
Elle sortait de la foire quand elle vit douze femmes, les plus belles qu'elle eut jamais vues et en avant d'elles la reine qui venait à elle en traversant la foire.

Nôra tressaillit de surprise et alla souhaiter cent mille bienvenues à la reine et lui demanda comment était l'enfant :


- Il est très bien, dit la reine, mais avec quoi m'as-tu vue ?
- Je t'ai vue avec cet oeil-ci, dit Nôra en mettant le doigt sur son oeil droit.


La reine lui souffla sur l'œil et lui dit :


- Tu ne me verras plus jamais.


Nôra retourna chez elle bien affligée; ce n'était pas ainsi qu'elle avait pensé s'en retourner, au matin. Elle conduisit sa vache chez elle, et, tout compte fait, elle lui coûtait cher, la vache, puisqu'elle lui avait fait perdre l'œil droit.


Avec l'argent qui lui restait dans les mains après l'achat de sa vache, elle alla à Tuan et acheta des provisions. Elle vécut longtemps, borgne, mais jamais plus elle ne vit les Bonnes Gens (3) jusqu'à ce qu'elle mourût.



(1) Grêasaidhe Leipreachân, espèce de lutin qui fait de très petits souliers.
(2) Proverbe irlandais
(3) C'est la traduction exacte du mot irlandais duine-maith par lequel on désigne, dans certaines parties du Connaught, les fées appelées ailleurs sidhe. Ce mot correspond à l'anglais good people, qui a le même sens. En Normandie, on appelle quelques fois les lutins bons garçons.







Les contes sont la propriété de leurs auteurs.
Envoyez moi vos contes sur ce mail (ajoutez votre nom, prénom et âge), je les mettrai en ligne avec plaisir!
Isabelle de contes.biz