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La langue de feu  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

A la fin juin, début juillet, on mène le bétail à la montagne ; on met les vaches dans une, les génissons dans l'autre et c'est de la montagne des génissons qu'il s'agit dans cette histoire; il y avait deux bergers pour cinquante têtes de bétail; ils avaient une cabane pour faire les repas et dormir et un parc pour les génissons. Tous les soirs les génissons rentraient au parc. Pendant une semaine, tout a bien été mais, au bout d'une semaine, tout par un soir, ils se sont réveillés en sursaut et ils ont vu comme une langue de feu à travers le toit de la cabane et ils ont entendu un bruit lugubre et les sonnettes des génissons.

Ils ont dit:

-Mais mon Dieu qu'est-ce qui se passe, les génissons qui partent ?

Ils sont sortis et en effet, les génissons avaient fait tomber la porte du parc et ils étaient partis à toutes jambes. Ils ont couru après et ils ont pu les remener au parc et ils les ont veillés le restant de la nuit. Le lendemain, ils ont fait monter le curé pour bénir la montagne et le troupeau. Ils ont dit :

-Maintenant tout est béni. on est tranquilles. on pourra dormir tranquilles.

Ca a été comme ça une quinzaine de jours et tout par un soir ça a de nouveau recommencé; ils ont vu la même chose et entendu ce bruit sourd, lugubre et les sonnettes des génissons. Ils sont sortis. les génissons partaient de nouveau. Ils leur ont couru après et ils ont pu les ramener. Quand tout le bétail a de nouveau été au parc, le maître berger a levé la tête au ciel et il a dit :

-J'aimerais bien savoir qui vient troubler notre repos et épouvanter le bétail, s'il y a quelqu'un qui a besoin de quelque chose, il faut qu'il s'annonce !

Alors ils ont entendu comme un arbre qui tombe et une drôle de voix a dit:

-Oui, c'est moi, ton frère Paul; je viens te demander si tu veux me rendre un service. Tu te rapelles peut-être, sans doute les démêlés que j'ai eus avec Mélanie, la voisine. Ca a été jusque vers le juge et le juge m'a condamné à payer une somme à Mélanie, pour dommage moral. Mais comme Mélanie était une femme très fière, elle m'a répondu: "Je ne veux pas de ton sale argent, mais par contre tu achèteras un sac de sel et tu le feras porter à Sion, au couvent des capucins".Mais j'ai dû mourir sans jamais pouvoir payer ça, ma conscience me tracasse, je ne suis pas tranquille et c'est pour ça que je me suis adressé à toi.

Le berger lui a dit :

-Alors je veux bien te rendre ce service à condition que tu nous laisses la paix après ça.

L'autre a dit :

-Oui, chose faite, ce sera fini.

Alors le lendemain, le berger est descendu au village, il a acheté le sac de sel, il l'a fait porter au couvent des capucins à Sion, et il est remonté à la montagne.

Eh bien, ils ont été quittes, ils n'ont plus rien aperçu. C'est une légende, mais enfin il y a deux leçons à tirer : c'est de ne pas remettre au lendemain ce qu'on peut faire aujourd'hui et c'est de payer ses dettes avant de mourir.







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Isabelle de contes.biz