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Le chant magique  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)


Dans un lointain pays du nord, quelque temps avant Noël, un petit garçon vînt vivre dans le village où habitait sa tante Hildegarde.
Il s’appelait Joël. Il avait perdu ses parents quand il était tout petit. Il avait été envoyé en orphelinat car sa tante - qui était sa seule famille - refusait de le garder.

Voici que l’orphelinat dût fermer ses portes et que tous les enfants durent être envoyés dans différents foyers. La tante de Joël accepta à contrecœur de le prendre.

Or, tout le monde dans le village craignait tante Hildegarde. Elle était très méchante et criait tout le temps après tout le monde. Et surtout, elle n’aimait pas les enfants. Elle avait perdu son mari très peu de temps après leur mariage et n’avait pas pu avoir d’enfants. Elle devînt très amère.

A l’école, tout le monde se moquait de Joël parce qu’il était très timide et parce qu’il était de petite taille. On le surnommait “Minus”. Aucun enfant ne voulait jouer avec lui. En effet, les parents pensaient que sa tante était une sorcière et interdisaient à leurs enfants de s’approcher de Joël. En classe, personne ne voulait s’asseoir à côté de lui.

Chez lui, sa tante le grondait tout le temps et lui faisait faire beaucoup de travail dans la maison. Cela le fatiguait beaucoup et son travail en classe s’en ressentait. Il ne pouvait faire ses devoirs que tard dans la nuit, en cachette.

Sa maîtresse, qui était très gentille, était très inquiète pour Joël. Un jour, prenant son courage à deux mains, elle alla trouver tante Hildegarde. Mais celle-ci refusa de la recevoir et ne voulut même pas discuter. Elle lui claqua la porte au nez.

Le lendemain, la maîtresse parla avec douceur à Joël, le prenant en pitié. Il lui raconta alors comment cela se passait à la maison.
“Prépare le petit déjeuner tout de suite”, vociférait la tante tous les matins en entrant dans la chambre de Joël pour le réveiller. Joël sursautait chaque fois, mais, avec le temps, il apprit à se lever juste avant le lever du soleil. C’était un moment magique. Tout était calme. Tante Hildegarde ronflait bruyamment et n’entendait pas Joël sortir sur la pointe des pieds chercher des petits pains tout chauds à la boulangerie en face. Il s’était lié d’amitié avec le boulanger qui le réconfortait en lui donnant quelques petits ballons tous les matins.

Tous les soirs, après avoir rangé la cuisine, balayé et lavé tout le sol du rez-de-chaussée et nettoyé la cheminée, il allait se coucher. C’était bien tard. Là, seul dans la nuit, il pleurait toutes les larmes de son cœur. Il rêvait d’avoir un ami. Il avait des conversations imaginaires avec lui. Il lui racontait tous ses rêves, tout ce qu’il aimait et tout ce qu’il détestait. Il lui disait comment les enfants se moquaient de lui à l’école et comment ils le fuyaient aussi. Il se plaignait de sa méchante tante. Il se mettait alors à penser à sa mère et à son père et pleurait encore plus fort.
Puis, un peu apaisé, il faisait ses devoirs à la lueur d’une bougie. Il était certes très fatigué après mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil.

Joël raconta alors à sa maîtresse comment il s’amusait à faire des ombres chinoises contre le mur à côté de son lit. Il mettait en scène plein de personnages différents se rencontrant dans des histoires peuplées de héros et d’héroïnes. La vive imagination du jeune garçon impressionna la maîtresse et elle ressentit un terrible sentiment d’injustice face à la méchanceté de tante Hildegarde. Mais cela lui donna une idée d’une surprise que pourrait préparer Joël et qui enchanterait certainement tous les enfants à la rentrée.

Le lendemain, en effet, commençaient les vacances. On s’approchait de Noël. Dehors il faisait très froid et il neigeait beaucoup. Les chants de Noël apportaient une touche de gaieté et de chaleur en contraste avec les rigueurs hivernales. Sur la place de village, le marché de Noël réjouissait les yeux et embaumait l’atmosphère d’un voluptueux parfum de cannelle, d’anis et d’orange cuits dans le vin chaud.

Joël regardait avec envie les enfants jouer dans la neige. Il rêvait de faire des batailles de boule de neige avec ses camarades. Mais sa tante ne le laissait jamais sortir et personne n’osait s’aventurer près de la maison de tante Hildegarde. Pas même les chanteurs n’osaient frapper à la porte de peur d’être chassés à coups de balais.

Le jour de Noël, comme d’habitude, Joël se leva un peu avant l’aube. Il ouvrit grand la fenêtre. Il neigeait abondamment.
A la lumière de l’aube naissante, il aperçut les toits des maisons et les arbres. Tout était recouvert d’un épais manteau blanc. Cela réjouit Joël.

Le jeune garçon prépara le petit déjeuner. Sa tante descendit et grommela qu’il faisait froid. Sans attendre, Joël alla rajouter du bois au feu qui crépitait dans la cheminée.

Soudain, quelqu’un sonna à la porte.
Joël sentit son corps se glacer et regarda sa tante se crisper: “Qui a le culot de nous déranger?” hurla-t-elle en s’avançant vers la porte.

Elle ouvrit. Devant elle se tenait un petit enfant qui lui sourit instantanément. Cela faisait bien des années qu’elle n’avait pas vu un enfant lui sourire: “Quelle audace!” voulait-elle lancer au jeune garçon mais une sérénité si grande se dégageait du visage du petit inconnu qu’elle en resta bouche bée. Tante Hildegarde fût d’emblée captivée par son regard si pur et si profond.

Le jeune garçon se mit alors à chanter. Dès les premières paroles, Joël fut ému tant le chant était beau et raisonnait dans toute la maison, l’enveloppant d’une grande douceur. Et cette voix, cette voix était extraordinaire. Fine et profonde à la fois, si délicieusement mélodieuse qu’elle pénétrait au fond des cœurs sans que l’on puisse y résister. Mais ce fût surtout tante Hildegarde qui en fût profondément bouleversée.

Une véritable métamorphose se produit en elle. Toute la dureté de son visage fondit comme de la cire. Ses traits s’adoucirent et pour la première fois depuis des années, ses lèvres s’abandonnèrent à un sourire timide.

Oh oui, elle connaissait ce chant ! Elle l’avait appris de sa grand-mère. Jadis, elle chantait aussi dans un cœur et ce chant ancien figurait parmi ses préférés. De l’entendre à nouveau remua quelque chose de si profond en elle qu’elle en fût emportée. Elle se mit à chanter et tout son être vibrait. Des larmes coulaient de ses yeux et sa voix tremblait d’émotion.

Le garçon à la porte la regardait dans les yeux avec une profonde compassion. Joël s’approcha de sa tante, ébloui. Sans réfléchir, elle lui prit la main et la serra bien fort.

Combien d’années s’étaient écoulées depuis qu’elle n’avait pas entendu ce chant? Resté enfoui en elle si longtemps, elle pensait l’avoir oublié. Comme c’était bon de l’entendre! Elle se sentait délivrée enfin, elle revenait à la vie, cela lui faisait du bien et du mal à la fois, comme si son corps avait été engourdi par le froid et se réchauffait maintenant devant le feu.

Sans lâcher tante Hildegarde des yeux, le garçon demanda alors de sa voix si douce: “Puis-je entrer?”

Sans prononcer mot, la tante lui fit signe d’entrer.
Un sentiment de paix envahit toute la pièce dès qu’il entra.

Il se tourna alors vers Joël :
“Veux-tu faire une bataille de boules de neige avec moi, Joël?”
Mais comment savait-il son nom? D’où venait cet enfant mystérieux?
Comme accroché à un aimant, Joël se leva et sortit avec son nouvel ami.

Ce fût la bataille de boules de neige la plus mémorable qu’il n’y ait jamais eu. Les deux garçons riaient à en pleurer en se lançant la neige. Pour Joël, cela dura une éternité. Les deux enfants hurlaient de bonheur en courant et en sautant sur les collines à côté de l’école.

Puis, crépis de blancs et à bout de souffle, Joël et l’enfant mystérieux se jetèrent dans la neige. Les deux garçons scrutaient le ciel d’où la neige continuait de tomber inlassablement. “Comment t’appelles-tu?” s’aventura timidement Joël.
“Gaspard” répondit très brièvement son ami.
Et sans attendre celui-ci ajouta: “Tu es très doué pour les ombres chinoises.”

Mais comment le savait-il?
Joël ne revenait pas que Gaspard savait autant de choses sur lui mais quelque chose de plus fort que lui lui interdisait de poser des questions à cet étrange garçon. Il avait le sentiment de l’avoir déjà vu, comme s’il le connaissait depuis toujours, comme s’il existait au delà de toute parole.

Les cloches de l’église se mirent à sonner. C’était midi. Gaspard se leva d’un bond.
“Je dois partir. Au revoir mon ami. Sois heureux.”

Sans pouvoir répondre, Joël vit son ami s’éloigner des champs en direction de la forêt. La neige tombait de plus en plus fort. Soudain, Gaspard disparut derrière un épais rideau blanc.

Joël rentra chez lui. Une odeur merveilleuse se dégageait de la cuisine. Il entra, hésitant. Tante Hildegarde chantonnait et offrit généreusement un biscuit de pain d’épice à son neveu.

Depuis ce jour-là, tout changea dans la vie de Joël. Tante Hildegarde ne le faisait plus travailler pendant des heures à la maison. Elle se montrait douce et compréhensive et racontait plein d’histoires à Joël. Il pouvait enfin passer du temps à jouer dans sa chambre et elle le laissait faire ses devoirs.

A l’école, la maîtresse de Joël lui proposa de faire un spectacle d’ombres chinoises. Il offrit à ses camarades un moment merveilleux d’une rare beauté, il tortillait ses mains dans tous les sens avec une grande dextérité. C’était une histoire drôle et triste à la fois. L’histoire d’une étrange amitié comme celle entre Joël et Gaspard. Toute la classe fut impressionnée.

Plus jamais on se moqua de lui et Joël se fît même plein d’amis.

Dans le village, tous furent heureux et soulagés de voir Hildegarde retrouver sa gentillesse d’antan. Elle se remit à chanter dans la chorale du village. A Noël, elle éblouissait toute l’assemblée réunie à l’église lorsqu’elle entonnait d’une voix merveilleuse ce chant que Gaspard avait fait revivre.

Joël ne revit plus jamais son ami mystérieux et ceux à qui il en parlait affirmaient ne jamais l’avoir vu. Tous se souvinrent par contre du vent nouveau qui souffla sur le village ce Noël-là.








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Isabelle de contes.biz