S'étant donc associés, ils labourèrent, moissonnèrent, dépiquèrent, vannèrent et enfin s'apprêtèrent à partager la récolte. Quand le boisseau fut apporté, on pria le chacal de procéder à la mesure. Ayant acquiescé il s'empara du boisseau et se mit à mesurer :
Voilà une part pour moi, annonça-t-il, en voilà pour tonton lion, et une pour tonton hérisson…
Le lion lui envoya un coup de patte qui lui arracha la peau du crâne. Alors le hérisson lui enleva le boisseau :
Mais tu ne sais pas mesurer, s'exclama-t-il, et il ajouta, le partage, c'est pas comme ça que ça doit se passer.
Puis prenant la mesure, il commença ainsi :
En voilà une pour tonton lion, en voilà deux pour tonton lion, en voilà trois pour tonton lion, en voilà quatre pour tonton lion, en voilà cinq pour tonton lion, et de six pour tonton lion, et de sept pour tonton lion, et de huit pour tonton lion ; et en voilà une pour moi et une pour toi, chacal.
Mais qui donc, s'exclama le lion, t'a inculqué de si bonnes manières ?
Ca, dit le hérisson, c'est ce bon chacal avec son crâne en sang.