Conte enfant
 
Fabrique un conte perso

 Conte arabe (60)
 Conte bébé (6)
 Conte chinois (16)
 Conte de fee (77)
 Conte ecole (34)
 Conte enfant (26)
 Conte japonais (32)
 Conte merveilleux (78)
 Conte mexicain (20)
 Conte russe (13)
 Conte tunisien (4)
 Contes africain (71)
 Contes andersen (57)
 Contes animaux (78)
 Contes bretons (16)
 Contes de grimm (139)
 Contes de la becasse (17)
 Contes de la crypte (34)
 Contes de noel (73)
 Contes de perrault (13)
 Contes des milles et une nuit (4)
 Contes du Maroc (3)
 Contes du monde (45)
 Contes écrits par des enfants (97)
 Contes égyptiens (2)
 Contes en ligne (72)
 Contes et légendes (26)
 Contes fantastiques (12)
 Contes hoffmann (12)
 Contes horreur halloween (3)
 Contes inde (32)
 Contes marocain (33)
 Contes scandinaves (7)
 Contes traditionnel (25)
 Fable La Fontaine (31)
 Histoire du conte (11)

 
Frère la joie  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

Il y eut une fois une terrible guerre et lorsque cette guerre prit fin, de nombreux soldats furent libérés et rentrèrent chez eux. Frère La Joie fut aussi libéré avec pour tout pécule un petit pain complet et quatre Kreuzer [1] de cuivre. Le très Saint Pierre s’était installé sur le chemin déguisé en pauvre mendiant et lorsque vint le frère La Joie, il lui demanda l’aumône. Celui-ci lui répondit :
"cher mendiant, que puis-je t’offrir ? J’étais soldat et j’ai été libéré et n’ai rien de plus qu’un morceau de pain complet et quatre Kreuzer de cuivre et comme c’est tout ce que je possède, je dois mendier ainsi que toi. Mais je peux cependant te donner quelque chose."
Là dessus il partagea son pain en quatre morceaux et en offrit un à l’apôtre ainsi qu’un Kreuzer de cuivre. Le très Saint Pierre le remercia et s’éloigna. Il s’installa à un autre emplacement sous un autre déguisement toujours en mendiant et lorsque le moine se fut approché à nouveau de lui, renouvella sa demande d’aumône. Le frère La Joie, répéta ce qu’il avait déclaré plus tôt, et lui offrit un autre morceau de pain et un autre Kreuzer de cuivre. Le très Saint Pierre s’éloigna à nouveau et à nouveau pour la troisième fois lui demanda l’aumône. Le frère La Joie lui offrit à nouveau un autre morceau de pain et un troisième Kreuzer de cuivre. Le très Saint Pierre le remercia encore tandis que le frère La Joie s’éloigna n’ayant plus qu’un dernier quignon de pain et son dernier Kreuzer de cuivre. Il se rendit donc dans une auberge, mangea son pain et s’offrit une bière avec le Kreuzer de cuivre restant. Quand il eut fini, il s’en alla. Alors, vint à sa rencontre le très Saint Pierre équipé comme un soldat libéré, il lui envoya son salut camarade ! en déclarant :
"Peux-tu m’offrir un quignon de pain et un Kreuzer de cuivre pour m’offrir une boisson ?"
"D’où pourrai-je les sortir ?" répondit le frère La Joie, "J’ai reçu pour solde guère plus qu’un morceau de pain et quatre Kreuzer de cuivre. J’ai croisé sur mon chemin trois mendiants à chacun de qui j’ai donné un quartier de mon pain ainsi qu’un Kreuzer de cuivre. Le dernier quignon de pain je l’ai mangé dans une auberge et ai bu mon dernier Kreuzer de cuivre. Maintenant je suis à sec et si toi aussi tu n’as plus rien nous pouvons donc aller ensemble mendier."
"Non !" répondit le très Saint Pierre, "ce ne sera pas nécesaire, je m’y entends un peu en médecine et ainsi je peux gagner autant d’argent qu’il m’en faut."
"Oui !" répondit le frère La Joie, "en cela je n’y entends rien, alors je dois allez seul mendier !"
"Non maintenant, viens avec moi !", rétorqua le très Saint Pierre,
"lorsque je gagnerai quelque chose, tu en recevra la moitié !"
"Cela me convient bien !" répondit le frèe La Joie.
Ainsi partirent-ils ensemble.

Ils arrivèrent à une ferme et entendirent des cris et des hurlement terrifiants, ils se précipitèrent. Là était allongé un homme gravement malade et proche de la mort tandis que sa femme pleurait et hurlait bruyamment.
"Cessez vos hurlements et essuyez vos pleurs" la pria le très Saint Pierre, "je veux rendre la santé à votre homme." Il prit un onguent dans son sac soigna dans l’instant le malade, qui put se lever sur le champ et se retrouva en pleine santé. Les époux plein de joie demandèrent "Comment pouvons nous vous payer ?" "Que devons nous vous donner ?". Le très Saint Pierre ne voulut rien prendre, et plus les paysans le priait et plus il protestait. Le frère La Joie s’adressa alos au très Saint Pierre et lui dit, "Prends enfin quelque chose, nous sommes dans le besoin !" Enfin la paysanne, lui apporta un agneau et déclara au très Saint Pierre qu’il devait accepter, mais il refusait toujours. Alors frère La Joie le poussa sur le côté et lui dit :
"Prends le donc ! sacré diable, nous en avons besoin !". Le très Saint Pierre déclara enfin "oui, l’agneau je veux bien le prendre, mais je ne le porterai pas : si tu le veux tu le porteras !" "Ce n’est pas un problème !" répondit le frère La Joie. "Je veux bien le porter !" et il le prit sur ses épaules. Ils partirent donc et parvinrent à une forêt, là l’agneau était devenu lourd aux épaules du frère La Joie, mais il était affâmé. Il s’adressa au très Saint Pierrre, "regarde, c’est une belle place, nous pouvons cuire l’agneau et le consommer. "Cela me convient !" répondit le très Saint Pierre, "mais je ne n’y connais pas en cuisine : veux-tu cuisiner, voici une marmite, je voudrais en attendant qu’il soit prêt vaquer alentour. Mais tu ne dois pas commencer à manger avant que je sois de retour ; je reviendrai quand il sera temps.
"Vas, dit le frère La Joie, je m’y entends en cuisine, je m’en occuperai !" Alors le très Saint Pierre s’éloigna, tandis que le frère La Joie abattait l’agneau et préparait le feu, il jeta la viande dans la marmite et la mit à cuire. L’agneau fut cuit mais l’apôtre n’était toujours pas revenu, le frère La Joie ouvrit la marmite et en retira le coeur.

"Ce doit être le meilleur !" déclara-t-il et il le goûta puis finalement il le mangea entièrement. Enfin le très Saint Pierre revint et lui dit :
"Tu peux manger tout l’agneau seul, je n’en désire que le coeur."
Le frère La Joie, prit une fourchette et un couteau et chercha soigneusement parmi les morceaux de viande ; ne pouvant trouver le coeur il déclara brutalement :
"Il n’y en a pas !"
"Bien, et où peut-il bien être ?" demanda l’apôtre.
"Je n’en sais absolument rien !" répondit le frère La Joie "mais regardez, quels fous nous sommes, nous cherchons le coeur d’un agneau et il ne nous vient pas à l’idée qu’un agneau n’a pas de coeur !"
"Oui !" s’exclama le très Saint Pierre, "c’est tout nouveau, chaque animal a un coeur, et pourquoi diable un agneau n’aurait pas de coeur ?"
"Non, certainement, frère, un agneau n’a pas de coeur, tu vas t’en rendre compte, il n’en a sérieusement pas."
"C’est bon !" rétorqua le très Saint Pierre, "s’il n’y a pas de coeur, je ne veux pas d’agneau, et tu peux le manger seul !"
"Tout ce que je pourrai pas avaler, je le mets dans ma besace" se dit le frère La Joie, puis il mangea la moitié de l’agneau et rangea le reste dans sa besace.

Ils reprirent leur route. Le très Saint Pierre s’arrangea pour qu’ils eussent à traverser un torrent tumultueux.
"Passe devant !" ordonna le très Saint Pierre,
"Non !" répondit le frère La Joie, "vas toi d’abord !" et il pensa "si l’eau est trop profonde, je resterai en arrière !"
Alors le très Saint Pierre s’avança dans le torrent, l’eau était peu profonde et lui arrivait au genou. Puis vint le tour de frère La Joie, brutalement le flot enfla et lui monta jusqu’au cou. Il appela :
"Frère, aide-moi !" Le très Saint Pierre lui dit :
"Voudras-tu aussi avouer que tu as mangé le coeur de l’agneau ?"
"Non !" répondit-il, "je ne l’ai pas mangé." Alors le flot se fit plus fort et arriva jusqu’à sa bouche.
"Aide moi, frère" Le très Saint Pierre lui dit à nouveau :
"Voudras-tu aussi avouer que tu as mangé le coeur de l’agneau ?"
"Non !" répondit-il, "je ne l’ai pas mangé."
Le très Saint Pierre ne voulant pas le voir se noyer, laissa le flot retomber et l’aida enfin à sortir.

Puis ils continuèrent leur voyage et arrivèrent dans un nouveau royaume, là ils entendirent que la fille du roi était à l’article de la mort.
"Hello ! frère !" s’écria le moine en s’adressant au très Saint Pierre, "Voici une affaire pour nous ! Si nous la soignons, nous sommes sauvés pour le reste de nos jours !"
Mais le très Saint Pierre ne marchait pas très vite ;
"Allons du nerf mon frère !" lui dit-il, "afin que nous arrivions à temps !" Mais le très Saint Pierre marchait de plus en plus lentement, bien que frère La Joie le tirât ou le poussât, lorsqu’ils entendirent que la fille du roi avait défuncté.
"Voilà, c’est gagné !" s’exclama le frère La Joie, "c’est à cause de ton allure trainante !"
"Calme toi !" lui rétorqua le très Saint Pierre, "Je peux faire mieux que la guérir, "Je peux la faire revenir du royaume des morts !"
"S’il en est ainsi !" dit le frère La Joie, "tu dois pouvoir nous faire gagner la moitié du royaume !" Et là dessus ils se rendirent au château royal où la tristesse était immense : le très Saint Pierre fit donc annoncer au roi qu’il pouvait rendre la vie à la princesse.
On le mena donc au roi, et ordonna :
"qu’on m’apporte un baquet rempli d’eau !" et quand on le lui eut apporté il demanda à tous de sortir, seul le frère La Joie pouvait rester.
La dessus, il découpa le corps de la morte à chaque articulation et les jeta dans le baquet, sous lequel il avait allumé un feu pour les faire cuire. Lorsque toutes les chairs se furent détachées, il récupéra les beaux os d’un blanc immaculé et les posa sur une table, en les ordonnant dans leur position naturelle. Lorsqu’il eut fini, il s’avança et répèta par trois fois :
"au nom de la sainte Trinité, morte, lève toi !" et à la troisième incantation, la princesse se leva, belle, vivante, et guérie. Alors le roi fou d’allégresse s’adressa au très Saint Pierre en lui déclarant :
"réclame ta récompense ! et s’il faut te donner la moitié de mon royaume, qu’il en soit ainsi !" Mais le très Saint Pierre répondit :
"Je n’attends rien pour celà !"
"Folie !" pensa en aparté le frère La Joie, il poussa son compagnon sur le côté et lui dit :
"Ne sois pas aussi stupide, si tu ne veux rien, j’en veux bien une récompense." Mais le très Saint Pierre ne voulait rien recevoir ; alors le roi vit que l’autre voulait bien être récompensé, et fit en sorte que son chancellier lui remplisse sa besace d’or.

Là dessus, ils partirent vers d’autres contrées, et alors qu’ils approchaient d’une forêt, le très Saint Pierre s’adressa au frère La Joie :
"Maintenant, partageons l’or !"
"Oui !" répondit-il "faisons le"
Alors le très Saint Pierre, partagea l’or en trois parties. Le frère La Joie pensa "Mais quelle mouche le pique donc ! faire trois parts alors que nous ne sommes que deux ! Mais le très Saint Pierre déclara :
"Je l’ai assez partagé, une part pour moi, une part pour toi et une part pour celui qui a mangé le coeur de l’agneau.
Oh, cela, je l’ai mangé" dit le frère La Joie en enfouissant la part d’or, "fais moi confiance !"
Comment cela peut-il être possible ? questionna le très Saint Pierre, "un agneau n’a pas de coeur !"
et quoi, frère, que crois-tu, un agneau a un coeur comme n’importe quel animal, pourquoi n’en serait-il pas ainsi ?"
soit ! répondit le très Saint Pierre, "garde l’or pour toi seul, mais je ne veux plus rester en ta compagnie et veux continuer mon chemin seul.
Comme tu veux, mon frère, répondit le frère La Joie, bon vent !"

Le très Saint Pierre prit un autre chemin, mais le frère La Joie pensait : "Très bien, qu’il se retire, mais il est quand même un merveilleux guérisseur !". Maintenant il disposait d’assez d’argent, mais ne sachant pas comment le gérer, il fit de mauvaises affaires fit de nombreux dons si bien qu’il se retrouva un beau jour de nouveau sans un sous. Il arriva alors dans un pays, où il entendit que la fille du roi était récemment décédée. "Eh eh !" pensa-t-il, "ça peut devenir intéressant, je pourrais la faire revivre et me faire récompenser." Il alla donc chez le roi et lui proposa de réssuciter la défunte. Le roi avait déjà entendu qu’un soldat vagabondait et réssucitait les défunts et pensa que le frère La Joie pouvait être ce soldat. Il questionna ses conseillers qui lui déclarèrent qu’il n’avait plus rien à perdre puisque sa fille était déjà morte.

Alors le frère La Joie fit apporté un baquet d’eau, fit un feu dessous, demanda que tous sortent de la pièce, découpa le cadavre aux articulations et jeta les morceaux dans l’eau ainsi qu’il l’avait vu faire par le très Saint Pierre. L’eau commençait à bouillir, les chairs se détachaient des os, il ota alors les ossements et les plaça sur la table ; mais ne sachant pas dans quel ordre les disposer, il les disposa en dépit du bon sens. Puis il dressa devant son arrangement et déclama ;
"Au nom de la Sainte Trinité, défunte, lève toi !" qu’il répèta trois fois mais à chaque fois en vain. "Lève toi donc, bougresse !" cria-t-il "Sinon tu vas passer un mauvais quart d’heure !"
À peine eut-il dit cela, que le Très Saint Pierre pénètra par la fenêtre dans sa précédente tenue de soldat libéré en déclarant :
"Mécréant, que fais-tu donc là, comment la morte peut-elle ressuciter de la façon dont tu lui as réassemblé les ossements ?"
"Cher frère, j’ai fait du mieux que j’ai pu !" répondit-il.
"Cette fois, je vais te tirer d’affaire, mais je te préviens, si tu entreprends encore une fois ce genre de chose, tu ne seras pas aussi chanceux, aussi du roi tu ne devras en aucune façon quelque récompense !" Là dessus, le Très Saint Pierre remit les ossements correctement en place, répéta trois fois ; "Par la Sainte Trinité ! Défunte, lève-toi !" Alors la fille du roi se leva, belle et guérie comme avant. Puis le Très Saint Pierre disparut par la fenêtre : le Frère La Joie tout heureux que cela se soit si bien passé mais dépité de ne pouvoir rien demander. "Je voudrais bien savoir, pensa-t-il, quelle mouche donc l’a piqué pour donner d’une main et reprendre de l’autre : c’est à n’y rien comprendre."
Puis le roi proposa au Frère La Joie, ce qu’il désirait, mais il ne devait rien prendre, aussi fit-il allusion avec malice à ce que le roi remplisse sa besace d’or, et ainsi s’en alla-t-il. Tandis qu’il sortait, debout devant le portail se tenait le Très Saint Pierre
"Regarde toi, quel genre d’homme fais-tu ? Ne t’avais-je point interdit d’accepter quoique ce fût et tu as là la besace pleine d’or."
"Qu’y puis-je ?" répondit le Frère La Joie, "si çela a été placé là !"
"Je te le dis, tu ne me la refera pas une seconde fois, sinon, il pourrait-en coûter."
"Calme, mon frère ! Ne te soucie pas, maintenant que j’ai de l’or, je n’ai plus à m’occuper de nettoyage d’ossements."
"Oui, déclara le Très Saint Pierre, l’or fera long feu ! Afin que tu n’ailles plus par des chemins interdits, je vais donner le pouvoir à ta besace de faire entrer en elle tout ce que tu souhaiteras qu’il y entre. Bon vent, tu ne me reverras plus."
"Ainsi soit-il ! répondit Frère La Joie, et il pensa "Je me réjouis que tu t’en ailles, sacré bonhomme, je ne te suivrai pas."
Du pouvoir magique de sa besace, il ne soucia plus.

Frère La Joie parti avec son or, le répandant et le dilapidant comme auparavant. Et lorsqu’il n’eut plus que quatre Kreuzer de cuivre, passant devant une auberge il pensa "L’argent doit être dépensé" et il se fit apporter pour trois Kreuzer de cuivre de vin et un de pain. Tandis qu’assit il buvait, lui parvint l’odeur d’une oie qu’on faisait rôtir. Frère La Joie lorgna, inspecta et vit que l’aubergiste avait mis au four deux oies. Soudain lui revint que son camarade lui avait dit que ce qu’il souhaiterait avoir dans sa besace y rentrerait. "Oh oh, ça tu dois l’essayer avec les oies !" Il sortit donc, et devant la porte déclara :
"que les deux oies grillées passent de la rôtissoire dans ma besace !" Tandis qu’il le disait, il l’ouvrit et regarda dedans, elles y étaient bien. "Très bien, dit-il, je suis un type accompli !" Puis il s’en alla, emportant les bêtes rôties. Alors qu’il était en plein déjeuner, deux compagnons artisans arrivèrent en dévorant des yeux une des oies qui n’était pas encore entâmée. Frère La Joie pensa "avec une, tu en as suffisament !" et il appela les compagnons et leur dit "prenez une oie et partagez la vous à ma santé !" Ils le remercièrent et s’en allèrent avec vers l’auberge, et commandèrent une demi bouteille de vin et un pain, sortirent leur oie et commencèrent à manger. La femme de l’aubergiste voyant cela dit à son mari, "Ces deux là mangent une oie, vas voir, si il ne s’agirait pas de l’une des nôtres qui cuisent dans la rôtissoire. Le tavernier courut aux fourneau, la rôtissoire était vide : "Quoi bande de malfrats, vous voulez mangez vôtre oie, malandrin." Les deux compagnons protestèrent, "nous ne sommes pas des larrons, un soldat fraichement libéré que nous avons rencontré plus loin sur la prairie nous l’offerte. "Ne vous fichez pas de moi, le soldat était ici, mais il a quitté l’établissement honnêtement, j’y ai veillé : vous êtres des voleurs et vous devez payer." Mais comme ils ne pouvaient pas payer il prit un bâton et les chassa jusqu’à la porte.

Frère La Joie reprit son chemin et arriva en un lieu où se tenait un magnifique château et peu éloigné d’une fort mauvaise auberge où il se rendit afin de trouver un gîte pour l’étape, mais l’aubergiste refusa et lui déclara ;
"il n’y a plus de place, la maison est pleine d’hôtes respectables."
"cela m’étonnerait !" rétorqua le Frère La Joie, "qu’ils se rendent chez vous et pas au château !"
"Oui répondit l’aubergiste, il a quelque chose, car quiconque s’y est essayé n’en est jamais plus ressorti vivant."
"Si d’autres ont essayé, dit le Frère La Joie, je veux alors aussi essayer."
’Das laßt nur bleiben,’ sprach der Wirt, ’es geht Euch an den Hals.’ ’Es wird nicht gleich an den Hals gehen,’ dit Frère La Joie, "sert moi seulement un bon repas et une bonne bouteille !" Alors l’aubergiste lui donna un couvert, repas et une chopine et ainsi équipé, Frère la Joie s’en alla vers la château, fit bien bombance et lorsqu’il se sentit ensommeillé il s’allongea sur le sol car il n’y avait point de lit. Il s’endormit aussitôt, mais la nuit venue, un bruit le réveilla et tandis qu’il s’encourageait il vit neuf affreux diables dans la pièce qui dansait en cercle autour de lui.
"Dansez tant que vous voulez, mais ne vous approchez pas de moi !" les menaça Frère La Joie, "Calmez vous, esprits mâlins" dit-il, mais ils continuaient à l’exciter. Soudain Frère La Joie se mit en colère, et ordonna "Holla, faites silence !" et il attrapa un pied de chaise et frappa au milieu d’eux. Mais neuf diables contre un soldat c’en était trop et tandis qu’il frappait devant lui les autres se jetaient sur son dos lui tirant les cheveux et le griffant. "Bande de diables : hurla-t-il "maintenant je suis vraiment en colère : attendez donc ! Allez ouste, tout le monde dans ma besace !" ; hop là, et les voilà dans la besace, qu’il boucla puis les jeta dans un coin. Le calme était revenu et Frère La Joie s’allongea à nouveau et s’endormit jusqu’au matin. Alors parurent l’aubergiste et le seigneur à qui appartenait le château qui voulurent voir comment il s’était débrouillé ; alors qu’ils le virent gaillard et reposé, ils s’étonnèrent et demandèrent :
"Les esprits ne vous ont-ils rien fait ?"
"Absolument rien, pourquoi ?" répondit Frère La Joie "Je les ai bouclé tous les neuf dans ma besace ! Vous pouvez maintenant réemménager dans votre château et plus rien ne pourra arriver à vos hôtes !" Le seigneur le remercia, le récompensa richement et le pria de rester à son service en lui offrant des gages journaliers.
"Non !" répondit-il, "J’ai l’habitude de voyager et je ne souhaite pas m’arrêter." Et Frère La Joie s’en alla. Chemin faisant, il trouva une forge, il posa sa besace où se trouvaient les neuf diables, sur l’enclume et pria le forgeron et ses compagnons de frapper. Ils assenèrent de toutes leurs forces, des coups de leurs gros marteaux si bien que des diable des plaintes terribles montèrent. Lorsqu’il ouvrit la besace, huit étaient morts mais l’un d’eux qui s’était réfugié dans un pli était encore en vie, se faufila à l’extérieur et partit se réfugier dans les enfers.

La dessus Frère La Joie voyagea encore longtemps dans le vaste monde et comme on le sait, pouvait en raconter la dessus beaucoup. Enfin, atteint par l’âge il pensa à ses derniers jours et se rendit chez un émigrant qui était connu pour être un brave homme et lui dit :
"Je suis fatigué de voyager et j’aspire à être appelé aux cieux !" L’émigrant lui répondit "Il y a deux façons de partir, une est aisée et agréable et mène aux enfers l’autre est étroite et rébarbative et mène aux cieux."
"Je serais fou !" pensa Frère La Joie, "de devoir prendre le chemin étroit et rébarbatif." Puis il se mit en route et prit le chemin large et agréable qui le mena vers une large porte noire ; c’était la porte des enfers. Frère La Joie frappa, le garde jeta un coup d’oeil afin de voir qui venait. Et alors qu’il vit Frère La Joie, il prit peur car il était le neuvième diable, qu’il avait enfermé dans sa besace et qui en était ressorti avec des cocards. Sur ce, il s’enfuit après avoir tirer le verrou et courru auprès du patron des diables et lui déclara :
"Il y a dehors un type avec une besace et qui voudrait entrer, mais il faut par la force l’en empêcher, sinon il mettra tout l’enfer dans cette besace. Il m’a fait marteler, là dedans, de façon répugnante." Il fut alors dit à Frère La Joie qu’il ne pouvait pas entrer.
"S’ils ne veulent pas de moi ici, pensa-t-il, je veux savoir si je ne pourrais pas trouver aux cieux une solution, car il faut bien que je repose quelque part." Il fit donc demi-tour et s’éloigna jusqu’à la porte des cieux à laquelle il frappa. Le Très Saint Pierre était assis près de la porte car il était le gardien des lieux : Frère La Joie le reconnu et pensa "ici au moins je retrouve un vieux camarade, et cela ira mieux."
Mais le Très Saint Pierre annonça :
Je crois bien que tu veux te rendre aux cieux !
Laisse moi entrer, Frère, je dois bien aller quelque part ; s’il m’avait pris aux enfers, je ne serais pas venu ici !"
Non, répliqua le Très Saint Pierre, tu ne rentreras pas.
Alors si tu ne me laisses pas entrer, reprends ta besace : car je ne veux plus rien avoir de toi, dit Frère La Joie.
Donne la donc, dit le Très Saint Pierre.
Il tendit sa besace, au Très Saint Pierre, à travers les grilles des cieux qui s’en saisit et la suspendit près de son fauteuil. Alors Frère La Joie commanda :
"Maintenant, je veux rentrer dans ma besace !" Et hop là, le voilà transporté dedans. Il est maintenant aux cieux et le Très Saint Pierre a dû le laisser dedans.







Les contes sont la propriété de leurs auteurs.
Envoyez moi vos contes sur ce mail (ajoutez votre nom, prénom et âge), je les mettrai en ligne avec plaisir!
Isabelle de contes.biz