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La petite souris  Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)


L'enfant était blotti dans le noir et la chaleur, recroquevillé comme un bébé.

C'est ainsi que les petits êtres attendent que la lumière éclabousse leur existence. Lorsqu'ils quittent leur antre, en criant pour affirmer leur existence et en plissant les yeux pour ne pas être aveuglés, des bras accueillants les dorlotent et leur peau se couvre de caresses. Ils s'évadent d'un endroit chaud et doux, pour partir à la découverte d'un monde dans lequel ils n'auront de cesse de retrouver cet état de paix. Certains y parviennent. D'autres pas.

La petite souris était accablée par la sécheresse. Elle savait où trouver de l'eau, mais le gros chat gris lui en interdisait l'accès. Affolée par ce besoin vital, elle arpentait à pas pressés le placard sous l'escalier. Soudain, elle s'arrêta. Comme dans un mirage, elle venait de marcher dans une goutte d'eau. Puis une autre... Elle trempa sa langue et fut surprise du goût salé. Un bruit inconnu la fit détaler vers son repaire. Dans le noir, elle ne distinguait rien de menaçant. Juste une grande forme qu'elle avait déjà vue, mais qui ne représentait pas un danger.

Et puis, comme tous les enfants qui naissent à chaque seconde, Sébastien vint au monde, à nouveau. La lumière aveuglante lui fit plisser les yeux, mais aucun cri ne sortit de sa bouche quand le bras maternel le saisit pour lui faire quitter son endroit chaud et noir.

La gestation avait duré une heure. Oh, si on cumulait ses gestations quotidiennes avec celles des week ends, il ne devait pas être loin des neuf mois.

Il y avait plusieurs ventres de mamans dans sa vie. Aucun ne l'aidait à grandir. Parfois, le ventre noir était froid comme une cave, parfois, il ne pouvait même pas se recroqueviller car ses membres aux hématomes multiples le faisaient souffrir. Les sage-femmes disent que l'enfant se présente mal. Sébastien leur donnait raison.

Le lendemain, la même chaleur accablait la maison, et énervait les esprits. L'enfant de huit ans se présenta encore mal ce jour là, et il retourna sous l'escalier, contraint et obéissant. La petite souris vit la grande forme s'asseoir près d'elle. Quelques minutes après, le sol se tacheta de gouttes, salées. C'est alors qu'elle fit le rapprochement. La pluie tombait du visage de grand garçon!

Elle n'avait jamais vu çà! D'habitude, son passage n'entraînait que des éclats de contentement. Elle échangeait simplement une pièce contre une dent de lait, et se cachait pour observer le résultat. Sébastien avait-il encore ses dents d'enfant? Elle n'avait jamais vu son oreiller...

Elle couina faiblement. A cette heure de la journée, le soleil s'infiltrait sous la porte du placard, et elle pouvait voir le visage résigné du petit garçon. Elle se risqua à tremper sa langue dans les larmes répandues. Le petit garçon renifla, mais elle ne prit pas peur. Il ouvrit les yeux, et distingua l'animal à travers un voile mouillé.

Sébastien essuya ses larmes et tendit la main vers la souris, qui se laissa caresser. Il la prit dans sa paume, la hissa près de son visage, et déposa un bisou sur son dos. Tu ne me comprends pas, pensa-t-il, et fut tout surpris d'entendre "bien sûr que si!" dans sa tête.
-Tu comprends ce que je pense? formula-t-il.
-Oui, et tu es bien triste!
-Comment est-ce possible que tu m'entendes?
-Comment est-ce possible qu'un enfant comme toi répande ses larmes dans la poussière? Ne crois pas au possible, mais au rêve!
-Pourquoi ma mère est-elle si méchante?
-Parce qu'elle n'a pas compris des secrets que seuls les enfants connaissent. Toi tu les connais, ils sont là, dans ton coeur. Pose moi sur tes épaules, et ferme les yeux.

La petite souris commença par fouiller la nuque de Sébastien. Il y a bien longtemps qu'il n'avait senti de si douces caresses! Il se retenait de rire. Dans sa tête résonna alors une voix joyeuse:
-Tu vois, c'est çà la Vie. Du rire, de la douceur. Quand tu ne sais pas rire, tu as peur. Si tu voyais ta maman quand je traverse le salon!
L'animal se promena ensuite sur tout le corps de l'enfant, s'arrêtant sur les parties endolories, là où la maman s'attardait aussi pour y tabasser sa peur. Et la douleur disparaissait des membres de l'enfant!
-Elle vient! Garde espoir mon garçon! Souris en pensant à moi, la souris. Les deux mots sont liés.

La porte s'ouvrit sur le visage carmin d'une femme ravagée par l'alcool. Le petit garçon sortit à regret de son refuge de tendresse.

Le soir, quand il se coucha, il eut la sensation étrange de ne pas être seul. Un petit grattement sur l'oreiller, et soudain une pensée
-Je suis là!

Désormais il ne serait plus seul.

Il comprendrait bien vite que les ailes traîtresses de la peur ne peuvent pas vous élever plus haut qu'un tabouret, et que pour s'envoler, loin, loin, il suffit de rire. Cette nuit là, son coeur se para des milles couleurs de l'espoir, et la petite souris abandonna son troc. Les dents révélées par le sourire de Sébastien étaient bien plus belles que toutes celles qu'elle avait pu collectionner toute sa vie.











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Isabelle de contes.biz