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Les Amours Impossible de Thénaclès et Epony dubois aurelie, 35 ans Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

Les Amours Impossible de Thénaclès et Epony




Il y a bien longtemps, au cœur d’un village de pêcheurs s’est produite une histoire fantastique qui ne se réalise que très rarement.
C’était donc un village sans aucune prétention, situé au bord de la mer Egée. Il y avait là, une bonne centaine de maisons toutes faites de pierres blanches, aux volets bleus. Des petites ruelles pavées desservaient chaque logis dans tout le village. Au détour de chacune d’elles, on pouvait découvrir un chat se pourléchant les babines, un enfant jouant à tirer les moustaches d’un chien ou bien une femme étendant son linge ou baignant un enfant…. Tout y était paisible et tranquille. Il y avait quelques commerces, un temple, une grande place de marché située près d’une fontaine où les habitants se rassemblaient souvent pour discuter entre eux. Dans ce pays il faisait chaud, très chaud alors les villageois travaillaient uniquement tôt le matin ou bien tard le soir car l’après-midi ils faisaient la sieste, à l’ombre des quelques arbres qui se dressaient sur la place principale, seul moyen pour eux de supporter cette terrible chaleur.

Il va sans dire que dans ce village, il faisait bon vivre grâce au calme qui y régnait. De chaque balcon, on pouvait entendre le ressac de la mer, sentir l’odeur marine. De loin, on apercevait facilement les vagues aller et venir sans cesse sur un beau sable fin presque blanc où quelques pêcheurs, s’affairaient autour de leurs petites barques afin de réparer les filets de pêche, entourés de mouettes piailleuses et turbulentes.
Et c’est dans ce petit village où la vie était si tranquille que vivait Thénaclès. Ce beau jeune homme brun aux yeux verts était de très bonne constitution: il était grand, robuste mais aussi très fort. Depuis tout petit, son père l’emmenait avec lui dans sa frêle embarcation pour lui apprendre à pêcher mais également à survivre en mer. Au fil du temps, il devint le meilleur pêcheur de la région, il savait toujours où trouver les plus beaux bancs de friture. A force de tirer les filets remplis de poissons, Thénaclès était devenu vraiment très musclé, d’ailleurs toutes les femmes du village en âge de se marier n’avaient d’yeux que pour lui! En plus d’être bel homme, Thénaclès était gentil, intelligent, toujours près à aider son prochain. Tout le monde le considérait comme le plus beau parti du village, au grand dam de sa mère car celui-ci ne trouvait aucune femme à son goût et ne voulait pas se marier.
Ainsi passait-il le plus clair de son temps en mer, ne rentrant qu’à la nuit tombée: Thénaclès aimait voguer sur les eaux seul parce qu’il pouvait ainsi à loisir laisser vagabonder son imagination pour s’inventer une autre vie, une vie bien plus trépidante, pleine d’aventures.

Non loin de là, à l’instar de tous et à plusieurs kilomètres de profondeur sous les flots, s’étalait un autre village bien différent celui-ci: ce n’était pas un village de pêcheurs mais plutôt un village de sirènes. Demeurait ici le roi Cayos (descendant du dieu Poséidon) accompagné de toute sa cour. Leurs maisons faites de coquillages nacrés brillaient dans les profondeurs de l’eau. Le château du roi, entouré d’un jardin immense fait de corail étincelant parsemé d’étoiles de mer attirait les plus beaux poissons des fonds marins comme s’il s’agissait de papillons. Il y en avait de magnifiques: des bleus, des jaunes, des rouges, des oranges, des petits, des grands, une véritable symphonie de vie et de couleurs. On y voyait passer des méduses transparentes, lumineuses, mais aussi des raies géantes toutes blanches, des tortues, des requins marteaux etc... D’ailleurs il n’était pas rare non plus de voir des dauphins tirer le char du roi! Le corail formant le jardin royal était en mouvement perpétuel : il changeait de couleur, de position, s’ouvrait, se fermait, suivant le courant de la mer. A certains endroits quelques algues vertes formaient comme une forêt où l’on pouvait se cacher pour jouer. C’est d’ailleurs à cet endroit que venaient se dissimuler les amoureux timides afin de se soustraire aux regards des curieux. Des allées en perles d’huîtres éclatantes s’étalaient dans tout le domaine. C’était donc une ville de lumière et de transparence, appelée citée des Nyphys.

Le roi de cette citée flamboyante, Cayos, avait une fille unique: la princesse Epony. C’était une jolie petite sirène mauve, rêveuse et boudeuse. Elle était mauve, en effet, de part la couleur des écailles de sa queue mais aussi de sa longue chevelure. Elle avait un joli visage rond avec de grands yeux et une petite bouche aux lèvres roses. Epony était curieuse, elle avait toujours soif d’apprendre. Elle aimait aussi rire et faire des farces. Ses journées, elle les passait seule à arpenter les fonds marins à la recherche de nouvelles aventures. Elle aimait chasser le requin, elle était douée au harpon, plus qu’à la harpe d’ailleurs, au plus grand désespoir de son père.
Dans la citée des Nyphys, tout le monde vivait en parfaite harmonie, le roi était très tolérant avec ses sujets. Mais il y avait une règle d’or à ne surtout pas bafouer: il était formellement interdit de se montrer aux yeux des humains. Cette règle non négociable devait s’appliquer à tous, sous peine de grave punition.

En ce temps là, comme Epony était en âge de se marier, son père lui avait proposé plusieurs prétendants, mais la jolie sirène, loin d’être amoureuse de l’un ou de l’autre, refusait toute alliance. Plusieurs mois passèrent ainsi : Cayos proposait et Epony refusait. Mais un jour son père se fâcha, il lui dit:
« Epony, ça suffit! Il convient à une sirène de ton âge de se marier; puisque tu refuses tous les prétendants que je te propose, tu me forces donc aujourd’hui à choisir à ta place. Demain tu épouseras Paldus! C’est un bon parti: il est plutôt beau garçon, débrouillard, intelligeant et lui, au moins, s’intéresse aux affaires du royaume. Ma fille, c’est décidé, qu’il en soit ainsi, demain tu seras mariée! »

Abasourdie par les propos de son père, Epony nagea jusqu’à sa chambre où elle s’enferma pour pleurer. Elle pleura ainsi toute la nuit tant son chagrin était grand. Comme elle se sentait seul à cet instant et si désespérée! Au petit matin, ses servantes l’habillèrent puis lui mirent un voile blanc orné d’une belle couronne de perles sur la tête. Tout le monde s’affairait joyeusement dans le palais, heureux de participer aux préparatifs de ce mariage tant attendu. Epony pouvait entendre leurs rires à travers les murs de coquillages. Ils étaient tous si heureux pour elle alors qu’elle même ne l’était pas, non ce n’était pas ce qu’elle voulait. Elle avait le cœur lourd, oppressé. Face à sa coiffeuse, Epony se regarda alors dans la glace: ses yeux, tuméfiés, éteints, avaient rougi à cause d’incessants pleurs, ses cheveux mauves flottaient sur ses épaules, le voile recouvrait son visage tel un masque grotesque. Ainsi parée, elle se sentit soudain comme étouffée, prisonnière. Non, cela ne pouvait être son destin! En proie à un terrible désespoir, elle se leva d’un bon puis, sans réfléchir, ouvrit la fenêtre et détala aussi loin qu’elle le put. A mesure que la petite sirène s’éloignait du palais, elle se sentait plus légère, plus vivante. Seulement lorsque son père la fit chercher, et qu’il apprit que sa fille avait désobéi à sa décision, et qu’elle s’était enfuie, Cayos devint rouge de colère. Le roi se saisit de son trident qui s’enflamma sur le champ, alors, pour punir sa fille il lui lança un sort qui se répandit à la mer entière:

« Tant que ma fille ne sera pas raisonnable et qu’elle ne tombera pas amoureuse, je veux que son corps entier se couvre d’écailles!! »
Le roi Cayos avait parlé. Ainsi, même au plus lointain des profondeurs de l’océan, Epony ne put échapper à la malédiction de son père: son corps entier se garnit d’écailles, la princesse se métamorphosa alors entièrement en poisson. Dorénavant, la petite sirène nageait dans l’océan en petit poisson de couleur mauve.

La princesse du royaume des Nyphys avait fui le palais et suivait maintenant un banc de thons lorsque sa course fut soudainement stoppée: elle venait d’être prise dans un filet et tirée hors de l’eau. Elle fut capturée par un pêcheur: Thénaclès! A bord de son bateau le jeune pêcheur triait les poissons qu’il venait d’amasser lorsqu’il découvrit un poisson qu’il n’avait jamais vu auparavant: un poisson mauve! S’agissait-il d’une espèce inconnue encore ? D’abord surpris, il se dépêcha de remplir une jarre avec de l’eau de mer pour y mettre ce nouveau poisson avant qu’il ne meure, puis il se mit à le contempler. Quel joli poisson! Il ressemblait à un poisson perroquet: il était original, avec de grands yeux mauves cerclés de blanc, une bouche blanche aussi mais en forme de cœur. Sur ses nageoires et sa queue s’accrochait une grande traîne mauve transparente.
« Tu es tellement joli petit poisson, que je ne vais pas te tuer pour te manger, je vais te ramener au village pour que tout le monde voit comme tu es beau! ».

Ce fut fait: Thénaclès débarqua sur sa plage natale, confia tous les poissons à sa mère pour qu’elle les vende sur le marché sauf le mauve qu’il plaça dans un bocal transparent posé sur une petite table, au milieu de la pièce principale. Tous les villageois se déplacèrent chez Thénaclès afin d’admirer « la prise » du jeune pêcheur. Tous furent bien évidemment émerveillés par ce joli petit poisson bien original.

Epony fut fort effrayée par tout ce changement d’environnement. C’était la première fois qu’elle voyait des humains, en plus, il lui était impossible de s’enfuir! La petite sirène dans ce corps de poisson se débattait tant bien que mal à l’intérieur de ce ridicule bocal transparent. Elle tournait en rond sans pouvoir s’échapper. Elle se trouvait si petite, si impuissante! Le soir venu, lorsque tout le monde fut enfin rentré à son logis, Epony se retrouva seule face à Thénaclès. Elle se calma peu à peu et cessa de s’agiter dans tous les sens. C’est alors que leurs regards se croisèrent. Le jeune homme avait en cet instant le visage presque collé au bocal, il souriait au poisson.
« Comme tu es joli petit poisson mauve! D’où peux-tu bien venir? Et tout seul en plus! Quel secret caches-tu? »
Thénaclès, le regard songeur, commençait à voyager dans sa tête rien qu’en imaginant la vie de ce petit poisson au fond de la mer. Pendant que ce fils d’homme rêvassait, Epony se permit de regarder le pêcheur un peu plus attentivement: de son avis de sirène, elle le trouva plutôt beau garçon avec beaucoup de charme, des yeux doux et rêveurs. Tout cela lui plaisait beaucoup: il lui sembla honnête et bon. Elle eut un serrement de cœur : peut-être que si Thénaclès avait été une sirène lui aussi, Epony aurait eu quelque tendresse pour ce jeune homme. Soudain la princesse repensa à son royaume, à ses amis, à son père, alors elle fut envahie d’une immense tristesse: les reverra-t-elle un jour? Elle soupira tristement.
Thénaclès s’aperçut immédiatement de la tristesse profonde de son joli petit poisson mauve:
« Tu dois te sentir bien malheureux dans ce bocal. Je t’ai arraché à la mer où tu vivais paisiblement. Tu es si beau petit poisson, ne sois pas triste! Ecoute, tu as gagné: je te ramène chez toi! »
Le jeune pêcheur se leva donc, prit le bocal dans sa main droite et la direction de la plage. Il grimpa à bord de sa barque puis fila très loin au large. Le soir était tombé et le vent commençait à souffler, une tempête se préparait. N’écoutant que son courage, Thénaclès continua de ramer sur les flots qui s’agitaient de plus en plus afin de ramener son beau poisson à l’endroit où il l’avait capturé le matin même. Soudain, un éclair zébra le ciel, et il se mit à pleuvoir fortement. Au moment où le pêcheur remit Epony à l’eau, une violente bourrasque déferla sur lui, souleva la frêle embarcation du jeune pêcheur et la fit tomber à l’eau. Thénaclès se débattit un moment au milieu des vagues, il tenta à plusieurs reprises de retourner sa barque, mais en vain, il s’épuisait inutilement. A bout de souffle et découragé, le jeune homme se mit à perdre pied, il s’enfonçait au fond de l’eau. Epony qui venait de retrouver sa liberté fut témoin de toute la scène: elle regarda horrifiée l’homme en train de se noyer. Le petit poisson mauve tourna, tourna encore, en proie à une terrible panique. Il ne fallait pas que le beau pêcheur meure, ce garçon aux yeux si doux et si rêveurs. C’était trop injuste! Mais comment faire? Elle n’était plus qu’un simple poisson! Dans un élan d’héroïsme, elle fila droit sur le corps inerte du jeune pêcheur puis tenta tant bien que mal de lui insuffler de l’air par la bouche. Heureusement, il n’était pas encore inconscient, il avait les yeux ouverts et la regardait. Leurs bouches se joignirent. A cet instant précis, Epony, dans une pluie de paillettes dorées redevint sirène. Une magie divine venait de se réaliser: c’est tout simplement parce que la petite sirène avait volé au secours de son bien aimé que le sort auquel elle était soumise venait d’être rompu! Elle était enfin amoureuse! Transformée, elle put avec plus de facilité, sauver la vie du jeune homme en le hissant à la surface des flots. C’est au petit jour qu’Epony vint déposer délicatement le corps du pêcheur à bout de forces sur le rivage. La jeune fille resta quelque temps allongée au côté du jeune homme endormi. Elle avait prit la tête de Thénaclès entre ses mains et contemplait intensément son visage en souriant. Comme elle le trouvait beau! Comme elle aurait aimé passer toute sa vie auprès de lui! Elle serait bien restée avec lui jusqu’à ce qu’il se réveille, mais elle ne devait surtout pas se montrer aux yeux des humains. Alors, c’est avec le cœur lourd qu’elle reposa délicatement la tête de Thénaclès sur le sable. Au moment où la sirène allait retourner à l’eau, le jeune homme la retint par la main. Il était enfin réveillé! Leurs regards se croisèrent de nouveau, il lui sourit alors tendrement, les yeux emplis de reconnaissance et d’émerveillement. Il murmura:
« Je suis Thénaclès et toi quel est ton nom? »
« Epony », répondit timidement la sirène.
Thénaclès reprit la parole :
« Mon petit poisson mauve est en fait une jolie petite sirène?! Je croyais que les sirènes étaient une légende mais toi, toi, tu es là devant moi, belle comme le jour avec tes jolis yeux mauves! Oh, mon cœur bat pour toi, je ne veux pas que tu disparaisses au fond des abysses! Je t’en prie, jolie sirène mauve, épouse-moi si tu m’aimes!»

Epony sourit de bonheur en étreignant dans ses bras son bien aimé. Oui, oui, c’est ce qu’elle souhaitait par-dessus tout, vivre à ses côtés: mais, soudain, son visage devint blême: il était humain et elle, sirène! Comment cela pourrait être possible! Non, cela ne pouvait être qu’un doux rêve. Alors elle lui dit :
« C’est impossible mon amour, tu es humain et moi, une sirène, il est impossible que nous puissions vivre ensemble! Impossible ! Le jour se lève, je vois le soleil qui pointe, les hommes vont bientôt apparaître sur la plage, il ne faut pas qu’ils me voient, je dois fuir, retourner dans les fonds marins, dans mon royaume, auprès des miens.»
Thénaclès insista :
« Non, ne me quitte pas, ne te sauve pas en même temps que la nuit, reste auprès de moi. Je veux que le monde entier soit témoin de notre amour, quelle importance! »

Bien sûr qu’Epony avait raison, bien sûr qu’ils ne pouvaient pas s’aimer. La petite sirène savait très bien qu’il lui était formellement interdit de se montrer aux humains. Et même elle avait déjà transgressé cette règle en se dévoilant à Thénaclès. Elle avait pris un risque énorme par attirance pour lui, elle ne pouvait pas aller au-delà. Elle savait qu’une vieille malédiction pesait sur les sirènes. Son air triste poussa le pêcheur à la prendre dans les bras, et ils s’embrassèrent fougueusement, nul doute qu’ils s’aimaient. A cet instant, alors que les humains commençaient de fouler la plage, la lune couvrit le soleil, une éclipse se forma dans le ciel. Il fit noir, très noir, un court instant: c’était la conséquence de la malédiction qui pesait sur elle.

Lorsque le soleil réapparut, les hommes furent surpris de trouver sur le sable, devant eux, deux dauphins. Ils pensèrent sur le moment que ces animaux s’étaient échoués dans la nuit. Avec force et gentillesse, ils les aidèrent à se remettre à l’eau. Ils ignoraient que c’étaient en fait Epony et Thénaclès. La malédiction qui continuait à s’abattre venait de les transformer en deux beaux dauphins. Une fois à l’eau, les mammifères prirent le large.

Métamorphosés en dauphins, ils purent enfin s’aimer librement, dans l’immensité des océans qui s’ouvraient à eux. Et c’est avec bonheur qu’on put entendre leur chant d’amour très longtemps, loin, très loin dans les profondeurs sous-marines.




FIN.


a.duboisecrivain@laposte.net






Les contes sont la propriété de leurs auteurs.
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Isabelle de contes.biz