Ce jour était maussade.
Il faisait lourd, chaud et l’air était irrespirable.
Ciboulet, le quatre papattes, se trainait d’une pièce à l’autre dans sa grande maison.
C’est qu’il avait chaud avec son gros manteau de fourrure et impossible de l’enlever.
Hivers comme été, il portait le même.
Blanc ! Avec une petite touche fauve qui lui donnait deux profils différents.
C’était pratique pour circuler incognito.
Lorsque les gens le regardaient du côté pile, il était pareil à un chien des neiges.
Et du côté face, il avait cette ressemblance avec sa bonne maman Gratouille.
Un berger australien.
Il parle d’elle au passé, car elle était partie au mois d’octobre dernier.
Elle ne l’avait pas abandonné, non !
Jamais elle n’aurait laissé son tout petit.
Mais la vie est ainsi faite, quand c’est l’heure, il faut s’en aller.
Et aussi discrètement qu’elle avait vécu, elle est partie rejoindre les copains d’en haut.
Tout en haut……
Vous savez, dans cette belle prairie où se retrouvent tous les quatre papattes qui arrivent au bout de leur chemin.
Ah, elle lui manque beaucoup sa maman !
Mais il se souvient toujours comme elle lui disait :
« Ciboulet, mon petit cœur, jamais tu ne seras seul. Tu continueras ta vie avec ta famille de deux-jambes qui veillera sur toi. Ta Cathy sera ta nouvelle maman. Elle ne fonctionne pas tout à fait comme moi, mais son cœur déborde d’amour pour toi. Avec elle, la vie sera belle et surtout, surtout, ne t’inquiète pas. Je saurai te faire signe quand il le faudra. Regarde le ciel, le jour ou la nuit, et tu comprendras ».
Et depuis, Ciboulet regarde le ciel.
Certaines nuits, c’est magique.
Des étoiles brillent un peu partout et juste au-dessus de lui, il y en a une qui semble être plus grosse et plus scintillante que les autres.
Alors il s’imagine que c’est sa maman qui vient lui dire bonne nuit, et il s’endort paisiblement en faisant de jolis rêves.
Aujourd’hui c’est différent.
C’est le jour et pourtant tout est gris…..
Presque noir !
Il ne comprend pas. Comment la nuit peut-elle se mélanger au jour ?
Sa Cathy, le voyant si inquiet, essaye de l’apaiser avec des mots gentils chuchotés à l’oreille.
Elle lui dit de ne pas avoir peur. Que ce jour va être très beau pour lui.
Il va y avoir de l’orage, mais qu’il va recevoir un message.
Ne pas avoir peur ! Pas facile !
Ciboulet n’aime pas l’orage. Mais alors pas du tout, du tout, toutou !
Tout ce bruit, ces roulements de tambours, ça l’effraye !
Sa Cathy lui explique que ce sont les quatre papattes qui jouent aux quilles dans le ciel et que sa maman Gratouille joue également.
Elle parie même que c’est Gratouille le chef de l’équipe !
Et ces lumières qui zèbrent le ciel ?
Ce sont des éclairs et les joueurs en ont besoin pour y voir clair dans leur jeu !
Ciboulet est un peu rassuré, mais il trouve que ces parties durent tout de même un peu trop longtemps……
Mais bon, si sa maman s’amuse, alors il est content.
C’est vrai, qu’en écoutant bien, tout se vacarme ressemble bien aux boules que l’on lance et aux quilles qui se renversent.….
C’est donc ça l’orage !
Alors ce n’est pas si terrible !
De savoir que sa maman est derrière tout cela, Ciboulet est fou de joie.
Et sa Cathy lui explique qu’après chaque éclair, il suffit de compter, et lorsqu’on entend le coup de tonnerre, alors, on sait combien de quilles sont renversées…..
Et puis, au bout d’un moment, tout se calme.
La partie est terminée.
Maman Gratouille a surement gagné.
Mais peut-être pas !
Elle avait toujours appris à Ciboulet, qu’on ne pouvait pas gagner à tous les coups. Que l’essentiel, c’était de s’amuser et de partager ses jeux avec les autres.
Et aujourd’hui, c’est avec son tout petit qu’elle a partagé son jeu.
Elle a tenu sa promesse.
Elle lui a fait un signe !
Ciboulet n’aura plus peur de l’orage.
Il restera tout de même à l’intérieur quand ça se produira.
On n’est jamais trop prudent !
Ca aussi, sa maman le lui a appris.