Les contes pour enfant du monde

La formule du bonheur
Clarisse-Maria, Neena, 16ans


Il était une fois un brahmane et ce brahmane avait un apprenti.
Quand celui-ci arriva à la fin de son apprentissage, son maître le fit venir et l’entretint en ces termes :
« Approche, et ouvre bien tes oreilles, car il ne m’a été permit de dire ceci qu’une seule fois. Maintenant qu’à ton tour tu vas devenir brahmane, je vais t’enseigner la formule qui apporte le bonheur éternel et ouvre la porte du paradis, là-haut dans les Himalaya. Retiens-là bien, et récite la toujours au plus profond de ton cœur. Mais garde-toi de l’apprendre à qui que ce soit, car alors son âme serait sauvée, mais toi tu serais damné à jamais et serais voué à l’enfer des réincarnations pour l’éternité. »
Et le brahmane apprit la formule à son apprenti.
Le jour-même, celui-ci monta dans la plus haute tour, située sur la plus grande place de la ville.
C’était jour de marché, et il y avait foule. Alors, arrivé au sommet de la tour, l’apprenti tonna d’une voix qui fit trembler les murs et taire le tumulte.
« Ecoutez-moi bien tous ! La formule que je vais vous dire est celle qui apporte le bonheur éternel et ouvre la porte du paradis ! Ne la répétez à personne, ou vous serez damné à jamais et condamné à toujours vous réincarner ! »
Et il cria la formule. Il la cria pour les marchands, il la cria pour les clients, il la cria pour les voleurs, il la cria pour les mendiants, il la cria pour les animaux, il la cria pour les plantes, il la cria pour les pierres.
Il la cria tant et si bien qu’il n’y eut bientôt plus une âme sur la place qui n’ait gravé la formule dans son cœur. Mais toutes les âmes, cupides et jalouses, tinrent leurs bouches closes, et pas une ne répéta jamais la formule à qui que ce soit.
Le brahmane arriva alors en haut de la tour et sermonna son apprenti.
« Qu’as-tu donc fait ? Je t’avais pourtant avertit ! Maintenant, ton âme sera à jamais maudite et jamais tu ne pourras aller au paradis »
L’apprenti regarda le brahmane avec un sourire et lui répondit ces mots :
« Maître, qu’importent ma vie et mon âme, si toutes celles ici présentes sont sauvées ?»



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