Les contes pour enfant du monde

Le hêtre ou, dis mon pourquoi



Quand tu te promenais dans la forêt

Il y a longtemps, très longtemps, je naissais

Tu m’avais vu et tu avais fait un pas sur le côté

Il aurait fallu si peu de chose pour m’écraser

Tu avais arrêté ta marche pour me regarder

Le vent m’avait bougé, et tu avais cru que je te remerciais

Ce sont beaucoup d’autres personnes qui m’ont ainsi épargné

Je suis devenu grand et fort avec les années qui ont passé

Dans mon ombrage je protège la vie qui recommence

Comme l’ont fait mes parents, plein d’espérance

Aujourd’hui, je te reconnais mais tu as l’air inquiet

Quelle est cette drôle de machine que tu poses à mon pied ?

Je suis fier, tu me regardes de tout côté, tu me tournes après

Quelle joie d’être ainsi admiré, soupesé dans toute ma beauté

C’est le printemps, doucement je revêts mon apparat d’été

Tu ne sembles pourtant pas apprécier mon beau duvet

D’où vient ce bruit immonde ?

De cet engin que tu tiens ?

Pourquoi je prends soudain peur quand vers moi tu viens ?

Mais ! tu me fais mal, je ne te coupe pas les jambes moi !

Tu va me faire tomber, je ne t’ai rein fait moi !

Même mon sang qui coule à flot maintenant, tu ne le vois pas

Tu me brûles, tu me déchires, je t’en prie ! tu ne peux me faire ça !

J’ai la tête qui tourne, je penche, je vais me briser

Dans un hurlement qui te fais sourire, je me suis écroulé

Je te maudis toi et ta machine infernale, tu m’as assassiné

Dans le dernier soubresaut qui m’agite, j’aurai voulu t’étouffer

Alors, dis-moi pourquoi ?

Quand tu te promenais dans la forêt

Il y a longtemps, très longtemps, je naissais

Tu m’avais vu et tu avais fait un pas sur le côté

Il aurait fallu si peu de chose pour m’écraser

Tu avais arrêté ta marche pour me regarder

Le vent m’avait bougé, et tu avais cru que je te remerciais

Ce sont beaucoup d’autres personnes qui m’ont ainsi épargné

Alors, dis-moi pourquoi ?





Conte imprimé sur http://www.contes.biz