Les contes pour enfant du monde

Jeannot et les trois chèvres





Tous les matins, Jeannot menait ses trois chèvres au pâturage et tous les soirs, au coucher du soleil, il les ramenait à la maison. Un matin, il se mit en route de bonne heure, poussant ses chèvres devant lui et sifflant un air joyeux. Comme il atteignait un champ de navets, il vit qu'une planche de la clôture était cassée.
Les chèvres aussi le virent ! Et voilà qu'elle sautent, gambadent dans le champ, ne s'arrêtant que pour mordiller les feuilles tendres des jeunes navets.
Jeannot jugea que l'affaire était grave.
Il ramassa un bâton, se faufila dans la clôture, et tenta de chasser les chèvres.
Mais jamais les chèvres n'avaient été plus insolentes.
Elles poursuivaient leurs gambades d'un bout à l'autre du champ, sans même jeter un regard vers la clôture.
Jeannot courut, courut jusqu'à perdre haleine, et quand il fut à bout de force, il se glissa hors du champ, s'effondra au bord de la route et se mit à pleurer.

C'est alors que le renard, qui se promenait, passa près de lui.

- Bonjour , Jeannot ! dit-il. Pourquoi pleures-tu ainsi?

- Je pleure car je ne peux chasser les chèvres du champ de navets, dit Jeannot.

- Oh ! ne pleure donc pas, dit le renard. Je les ferai sortir du champ, moi.

Et le renard bondit par-dessus la clôture et se mit à poursuivre les chèvres parmi les navets.
Mais rien à faire, elles refusaient de sortir.
Elles remuaient la queue, secouaient la tête et repartaient de plus belle, piétinant les navets, de sorte qu'il devint bientôt impossible de deviner ce qui avait poussé là.
Le renard courut jusqu'au bout de ses forces.
Puis il vint s'asseoir près de Jeannot et se mit à pleurer.

C'est alors que sur la route vint à passer un lapin.

- Bonjour, renard, dit-il. Pourquoi pleures-tu ainsi?

- Je pleure car Jeannot pleure, dit le renard, et Jeannot pleure car il ne peut chasser les chèvres du champ de navets.

- Allons, allons ! dit le lapin, qu'elle idée de pleurer pour ça ! Regarder-moi. En un clin d'oeil, je les ferai sortir du champ.

Et il bondit par-dessus la clôture.
Et le voici courant, sautant derrière les chèvres, qui jamais ne se rapprochaient du trou dans la clôture.
A la fin le lapin fut si fatigué qu'il ne put faire un bond de plus.
Il rampa sous la barrière, s'assit près du renard et se mit à pleurer

C'est alors que vint une abeille qui bourdonnait parmi les fleurs.

Elle vit le lapin et lui dit:

- Bonjour, Lapin,pourquoi pleures-tu ainsi ?

- Je pleure car le renard pleure, dit le lapin, et le renard pleure car Jeannot pleure, et Jeannot pleure car il ne peut chasser les chèvres du champ de navets.

- Cessez de pleurer, dit l'abeille, je les ferai vite sortir du champ, moi.

- Toi ! s'écria le lapin, tu prétends faire sortir les chèvres, quand ni Jeannot, ni le renard, ni moi n'y sommes parvenus ? " Et il se mit à rire.

- Regardez, dit l'abeille.

Elle s'envola dans le champ et se mit à bourdonner à l'oreille de la plus vieille chèvre, " bzzz " , "bzzz ".

La chèvre secoua la tête pour tenter de la chasser, mais l'abeille vola vers l'autre oreille et poursuivit ses "bzzz ", " bzzz ", si bien que la chèvre finit par penser qu'il se passait des choses effrayantes dans ce champ de navets, et elle se faufila dans le trou de la clôture, pour courir vers son pâturage.

L'abeille vola vers la seconde chèvre et reprit ses " bzzz ", " bzzz ", dans une oreille , puis dans l'autre, alors la chèvre ne pensa plus qu'à suivre sa compagne à travers la clôture, pour courir vers son pâturage.

L'abeille se dirigea enfin vers la plus jeune qui, en entendant ces bourdonnements, suivit les autres sans demander son reste.

- Merci, petite abeille, dit Jeannot, puis en essuyant ses larmes, il reprit sa route en courant pour mener les chèvres au pâturage.





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