Minette
Dans
le beau verger





Minette est une jolie chatte. Elle est noire et blanche. Elle a une longue queue bien épaisse. Elle est encore toute petite. Ainsi, elle est presque toujours à la maison.
Le jeune maître du beau chaton est gentil. Il l'aime beaucoup. Il ne le laisse pas sortir dehors car il a peur qu'une voiture l'écrase. Il ne veut pas, non plus, qu'il s'égare ou que quelqu'un le vole.
Minette, ayant grandi un peu, son petit maître lui permet alors de rester devant le seuil de la maison.

Elle passe son temps à regarder les petits enfants jouer au ballon. Elle regarde également les fillettes qui sautent à la corde avec agilité, comme de jeunes fées. Elle aime surtout les voir jouer à la marelle.

Oh! Comme elle voudrait pousser, elle aussi, avec ses deux pattes de devant, la petite pierre plate dans les cases tracées sur le sol!
La petite chatte entend quelquefois des aboiements. Ils sortent de derrière un grand portail, juste en face de la maison.
Un jour, le beau chaton se dit: " Ces cris ne ressemblent point aux miaulements des chats! C'est bizarre! Je veux bien savoir qui les pousse de temps à autre."
Alors, Minette regarde à droite, regarde à gauche; puis, comme une flèche, elle traverse la rue en un clin d'œil.
Le portail est fermé. Heureusement, il y a un petit trou dans le mur, un tout petit trou.
Le joli chaton passe d'abord sa tête; il introduit ensuite ses deux pattes de devant. Enfin il pousse un peu avec celles de derrière et hop! Le voilà dans un beau verger!
Minette a l'habitude de voir des garçons, des filles, des piétons, hommes et femmes; elle voit également des voitures, des bicyclettes. Elle a même vu un jour, un pauvre âne tirant une charrette chargée de sacs de blé. Mais elle n'a jamais vu un verger, ni même un jardinet.
Quelle surprise! Et comme elle est un peu curieuse, elle se dirige vers une petite cabane. C'est une jolie niche placée au milieu du verger.
Minette fait quelques pas. Soudain, elle s'arrête parce qu'elle voit venir vers elle un animal un peu plus grand qu'un chat.
C'est un jeune chien sage mais elle ne sait pas encore que le chiot est bien sympathique. Elle a peur. Elle tremble un peu. Ses poils se dressent sur son dos et sa queue devient très grosse. Alors, notre petite veut se sauver.
Le petit chien lui dit avec un large sourire :

- Bonjour, petite chatte! Pourquoi tes poils se sont-ils hérissés brusquement? N'aie pas peur de moi, je ne suis pas méchant. Sois la bienvenue chez-nous. Moi, je m'appelle Médor. Et toi, comment t'appelles-tu?
La jolie chatte noire et blanche n'a plus peur. Elle répond avec calme :

- Mon nom est Minette. Mais toi, tu n'es pas un chat, ni même un ânon! Qui es-tu?
Médor rit de bon cœur. Il trouve la question bien drôle. Il lui explique :

- Tu ne remarques pas, Minette , que je suis un chiot? Je vis dans ce grand verger. Regarde, là-bas! Vois-tu cette belle petite cabane sous le gros arbre? Eh bien! C'est là où je dors la nuit.

- Et qu'est-ce que tu fais ici maintenant, tout seul?

- Qu'est-ce que je fais? Mais j'aboie lorsque…
La jeune visiteuse ne laisse pas le gentil chiot terminer. Elle lui dit :

- Alors, c'est toi qui pousses des cris, quelquefois?

- Oui, c'est bien moi!

Minette est de plus en plus curieuse. Elle veut tout savoir. Elle le questionne:

- Et pourquoi donc? Peux-tu me le dire?

- Bien sûr, ma chère! Moi, je garde le grand verger. Quand un mauvais garçon saute par-dessus le mur et entre ici, j'aboie fortement. Je lui fais peur, il s'enfuit, et il ne vole pas les fruits.

Médor est fier de lui. Il se met à aboyer. Le chaton bouche ses oreilles et le supplie:

- Arrête de crier, je t'en prie! Tu me fais peur. Au lieu d'aboyer, dis-moi où tu caches les fruits. Je ne les vois pas du tout. Où sont-ils?
Le gentil chien reprend son calme et répond:

- Tu veux les voir? Ils sont dans les arbres. Lève ta tête. Cet arbre, à ta droite, c'est un prunier; il donne des prunes toutes rondes. Celui-là, à ta gauche, c'est un abricotier; il donne des abricots. Ma jeune maîtresse les trouve délicieux. Celui qui est devant toi, c'est un poirier; il donne de belles poires. Et celui à côté, c'est un pêcher, et ses fruits sont sucrés et bien fondants.

Médor est content de montrer tous ces admirables arbres fruitiers à sa nouvelle amie. Il remue sa queue et ajoute:

- Mais le plus bel arbre du verger est le pommier. Il est derrière toi. Retourne-toi s'il te plaît. Vois-tu les grosses pommes rouges?
La petite chatte ne fait pas attention à sa question. Elle ouvre grand les yeux et bouge la tête dans toutes les directions. Elle s'amuse à suivre un joli papillon qui voltige autour d'elle.
Enfin, elle demande, toute émerveillée :

- Et celui-là, qu'est-ce que c'est? Il vole comme une grosse mouche; seulement il est adorable!

Médor est surpris. Il s'exclame :

- Quoi? Mais c'est un papillon, voyons! Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. Ces magnifiques insectes volent d'une fleur à une autre. Ils aiment se poser sur les marguerites, sur les jasmins, sur les coquelicots, et surtout, sur les belles roses.
Minette soupire un peu. Elle baisse sa tête et dit :

- Moi, je ne vois que des vilaines mouches. Pourquoi ces beaux papillons ne viennent-ils pas chez nous, à la maison? Dommage!
Le gentil chiot réfléchit un instant avant de répondre :

- Je crois que vous n'avez pas des fleurs chez vous. Les jolis papillons ne sont pas sales comme les mouches. Ils sont propres. Alors, ils cherchent les fleurs. Et puis, il n'y a pas que le papillon qui aime les fleurs. Il y a aussi l'abeille. Oh! Les abeilles sont très utiles. Elles donnent du miel. Le sais-tu, Minette?
Minette ne le sait pas. Elle ouvre sa petite gueule et écarquille les yeux. Médor voit que son amie est étonnée. Il ajoute :

- Parfois, nous avons la visite d'une petite coccinelle ou d'un gros hanneton. Un jour même, je crois au cours du mois passé, c'est une libellule qui nous a rendu visite. Ma gentille maîtresse était surprise de la voir.

- Ah! Combien j'aime voir, moi aussi, cette libel … libel… Comment, comment dis-tu?

- Li – bel – lule! Libellule! C'est facile à prononcer! Essaie toujours!

- Et à quoi ressemble cette libel… libellule? Est-ce qu'elle ressemble au joli papillon?

Le beau chiot n'a pas de réponse pour sa douce visiteuse. Alors, il dit en levant ses pattes de devant:

- Je ne peux pas te dire comment cette étrange bestiole est exactement. Je ne sais pas la décrire et je n'ai pas appris à dessiner. Mais je pense que ses quatre ailes sont longues et transparentes.

Médor a un peu honte. Il sourit quand même et poursuit:

- Je vois que tu ignores beaucoup de choses; je vais donc te montrer aussi le vieux figuier et l'énorme amandier. Regarde, ils sont là-bas, à côté du puits! Suis-moi!
Minette répond poliment:

- Désolée, mon cher! Il se fait tard et je n'aime pas que mon maître me gronde. Je dois retourner à la maison. Excuse-moi! Ce sera pour un autre jour. Veux-tu?
Le brave chiot accompagne sa petite amie jusqu'au portail. La belle visiteuse le remercie de tout son cœur. Elle s'apprête à sortir par le trou; Médor l'arrête et lui dit:

- Viens ici, de temps en temps. Je te montrerai d'autres merveilles. Tu viendras, n'est-ce pas?

Minette est contente d'être invitée. Elle promet sans hésiter:

- Oui, attends-moi, je te rendrai visite avec plaisir. Ce sera un honneur pour moi. Au revoir!

- Autre chose, mon amie! N'oublie pas de demander à ton maître de planter des fleurs dans la maison. S'il n'a pas un petit carré de terre, il pourra les mettre dans des pots. C'est facile, et c'est agréable à voir.
La petite chatte noire et blanche hoche tristement sa tête et répond:

- Je veux bien, Médor! Je suis avec toi. Mais, est-ce que mon gentil maître va me comprendre, cette fois-ci ?...

**

Sid'Ahmed