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Signy et l'Ours Blanc Aurélie, syrella, 34 ans Format imprimable  Format imprimable (pour imprimer le conte)

Signy et l’Ours Blanc

 

 

 

 

                Il y a bien longtemps, au fin fond de la Scandinavie vivait le roi Borsteïn, en compagnie de son épouse la reine Ingeborg et le petit prince Halvor. Les années s’écoulaient, paisibles et heureuses dans leur grand palais, lorsque un jour, Ingeborg tomba gravement malade. Le bon roi Borsteïn fit appeler tous les médecins, magiciens et guérisseurs du royaume au chevet de son épouse. Mais aucun d’eux, malgré tout leur savoir, ne put soigner sa bien aimée. A la fin d’une longue maladie, la reine, hélas, mourut. Le roi Borsteïn fut très malheureux car il aimait profondément sa défunte femme. Le royaume entier fut effondré par cette triste nouvelle alors chacun s’habilla de noir pour témoigner de sa tristesse. Après une longue période de veuvage, le roi décida finalement de se remarier afin que son fils grandisse tout de même en compagnie d’une mère attentionnée. Pour cela il choisi la princesse Hilda, fille du roi Hundir.

 

            Hilda était très jolie, intelligente et de très bonne éducation. Seulement elle était, hélas, une bien méchante princesse. Mais elle fut une bien plus méchante reine et belle-mère. Cette femme égoïste, vénale, dotée d’une éternelle insatisfaction possédait un cœur dur comme le granit. Il ne se passait pas un jour au château sans qu’elle ne se mette à hurler sur ses domestiques, les houspillant, les traitant de bons à rien ou de vauriens. Ses cris et ses remontrances ne cessaient jamais du matin au soir, faisant trembler les murs du château dans son ensemble. Elle hurlait, pestait et punissait aussi de temps à autre très cruellement. Borsteïn, cet homme si gentil, cédait à tous ses caprices pourvu qu’elle donna un peu d’amour à son fils Halvor. Parfois, lorsque la reine devenait vraiment trop méchante, Borsteïn se fâchait, tapait du poing sur la table et la renvoyait houleusement dans ses appartements. Dans ces instants la jeune reine se sentait alors très humiliée et souhaitait vengeance. Hilda, en femme cupide et avide de pouvoir eut un jour l’idée de vouloir régner seule sur le royaume. Sans son mari, elle pourrait à loisir gouverner et opprimer tous ses sujets à loisir, tout en se délectant du malheur qu’elle pourrait leur causer.

            Alors, la jeune épouse, eut une nuit une idée diabolique: Hilda, (avec l’aide de son ami le méchant sorcier Navil) préparait chaque jour une potion magique qu’elle versait chaque soir dans le vin du roi. Cette potion maléfique agissait sur le roi de façon méprisable: Borsteïn semblait perdre la tête, se renfermant sur lui-même, allant même jusqu’à tout oublier, reconnaissant à peine son fils lorsque celui-ci venait lui rendre visite. En peu de temps, le roi devint sénile voire grabataire. C’est ainsi qu’Hilda pu régner à sa place sans que personne n’ait rien à redire durant de longues années. Seulement bientôt, Halvor, le fils du roi arriverait en âge de se marier. Une fois couronné, il prendrait sa place sur le trône, privant ainsi la reine de tous pouvoirs. Il fallait qu’elle trouve impérativement une nouvelle idée pour rester sur le trône.

 

            Au dix-septième anniversaire du jeune prince, Hilda lui lança un sort: le beau Halvor fut transformé en un ours polaire alors la reine le chassa du royaume. La pauvre bête erra des semaines en pleurant ne sachant où aller. Le jeune prince avait vécu toute sa vie dans un château confortable et douillet, entouré d’amour et de soin. Seul, dehors, affamé et apeuré, il se sentait démuni mais aussi terriblement malheureux. Un soir venu l’ours finit, épuisé, par aller se coucher dans une grotte tout au fond d’un bois. Ce soir-là il s’endormit les yeux pleins de larmes. Mais à minuit, cette nuit là, il reçut la visite de son parrain et de sa marraine. Par chance, à sa naissance, le roi et la reine lui avait donné comme parrain, le terrible vent du nord et comme marraine, la fée Pritsnia. Ils vinrent tous deux au fond de cette caverne obscure afin de le réconforter. Sa tante lui dit:

« Tout n’est pas perdu, mon chéri, le sort que ta marâtre t’a jeté peut être inversé: il faut que tu rencontres une jeune fille qui t’aime comme tu es, qui accepte de t’épouser même sous la forme d’un ours. Tu as une année pour réussir ce pari. Ainsi, tu redeviendras humain! »

            Le vent du nord ajouta :

            « Je te promets d’être toujours présent si tu as besoin de moi. D’ailleurs, à l’Est de la lune et à l’Ouest du soleil je t’ai construit un château de glace où tu pourras y habiter en paix en attendant de trouver l’amour. On te souhaite bonne chance!»

            Ils disparurent dans la nuit laissant le jeune prince de nouveau plein d’espoir: il n’avait plus qu’à trouver une jeune fille qui voudrait bien se marier avec lui. Mais là, hélas, rien n’était moins sûr!        

Dès le lendemain, Halvor, sous la forme d’un ours polaire, se rendit au premier château qu’il trouva sur son chemin. Là, il demanda la permission d’épouser la princesse qui y vivait. Le roi lui rit au nez puis le chassa : il ne souhaitait pas que sa fille épouse un ours blanc! Il erra ainsi des jours, des semaines, des mois, allant de château en château, de maison en maison et de ferme en ferme afin de trouver une épouse. Seulement personne ne voulait lui donner sa fille alors il changea de stratégie. Comme il était grand et fort il se mit à attaquer des hommes en les menaçant de les dévorer s’ils ne lui donnaient pas une de leur fille en mariage. Un matin il croisa un duc, il le menaça ainsi, l’homme lui donna sa fille à marier. Halvor l’emporta sur son dos et l’emmena dans son château de glace. La jeune fille se nommait Mardhola. Elle entra aux côtés de l’ours blanc dans cet immense palais de givre construit par le vent du nord lui-même.

 

C’était un gigantesque palais de glace fin et haut, entièrement blanc, au toit délicatement ciselé dont les gracieuses tours s’élevaient jusqu’au ciel.  Il semblait avoir été façonné, modelé subtilement dans un bloc de givre. Tout était blanc mais de nuances différentes, bien distinctes, la teinte et la composition du château s’étalaient du blanc pur couleur de neige au blanc limpide, transparent de la glace. Ces différentes teintes de blanc spectaculaires donnait à la demeure un charme absolu, et même quelque chose de féerique. Aucun château au monde ne pouvait rivaliser tant en beauté qu’en architecture! A l’intérieur le froid régnait en maître malgré quelques cheminées placées ici et là. Les pièces étaient si spacieuses qu’on entendait résonner chaque pas, les sons faisant écho contre les murs colossaux. Le mobilier était fait lui aussi de glace dure et blanche ou bien de givre transparent. Il y régnait en ce lieu une atmosphère tranquille, religieuse presque surnaturelle. Dans la grande salle, lorsque Mardhola respirait, de la vapeur s’échappait de sa bouche alors Halvor lui tendit une peau de bête afin qu’elle s’emmitoufle à l’intérieur pour se réchauffer. La jeune fille était morte de peur et de froid. Des pingouins (les maîtres d’hôtel) vinrent à elle et lui firent signe de s’asseoir à la grande table. On lui servit un déjeuné copieux. L’ours s’assit en face d’elle. Il lui parla gentiment:

            «Tu es ici chez toi. N’aie pas peur de moi, je veux juste t’être aimable. Je suis sûr que nous serons heureux ensemble. Plus tard, si tu m’aimes, tu pourras avoir tout ce que tu souhaites, tu seras la femme la plus riche du royaume. Mais ce soir, je vois bien que tu es fatiguée: allons nous coucher. »

            Tous deux montèrent l’immense escalier de givre jusqu’au premier étage et entrèrent dans la chambre royale. Il y avait un grand lit recouvert de peaux de bêtes et un feu de bois flamboyait dans la cheminée adossée à la cloison de glace. Les flammes renvoyaient une douce lumière dansante qui se reflétait sur tous les murs de la pièce. On entendait le doux crépitement des flammes léchant le bois. Les quelques meubles épars étaient ciselés finement comme si la glace dont-ils étaient faits avait été brodée à la main. C’était tout simplement splendide!

 L’ours se coucha près de sa fiancée puis s’endormit comme un bébé, soulagé d’avoir peut-être trouvé l’être aimé. Seulement, dans la nuit, Mardhola s’enfuit. Car, même si toutes les promesses d’Halvor étaient fort alléchantes, la jeune fiancée avait bien trop peur de l’ours pour rester à ses côtés plus longtemps. Alors dès qu’elle sut que l’animal dormait profondément, elle s’enfuit à toute vitesse, loin, très loin de ce palais de givre. Au petit matin, lorsque le jeune prince se réveilla seul, il en fut très peiné. En bon prince vaillant, il ne perdit pas espoir: il continua à ramener des prétendantes à son château. Seulement il avait beau leur promettre richesse et pouvoir, elles finissaient toutes par s’enfuir dans la nuit. Finalement Halvor en eut assez d’avoir le cœur brisé : il se résolu à abandonner et à rester un ours polaire toute sa vie !

 

            Un matin, alors qu’Halvor était parti se promener dans la forêt, la pauvre bête se fit prendre dans un piège. La douleur cuisante des mâchoires en fer se refermant sur sa patte le fit hurler. Ha! Si seulement il avait eu des mains à la place de ces griffes! Alors, blessé et prisonnier, il s’affala sur le sol, bien malheureux. Au même instant, non loin de là, une jeune fille se promenait dans le bois. C’était Signy, une jolie jeune fille aux longs cheveux noirs et aux grands yeux bleus. Elle portait sur son dos un petit balluchon. Au loin elle entendit le cri de la pauvre bête donc elle courut dans sa direction. En quelques minutes à peine elle se retrouva tout près de l’animal gisant à terre. Elle s’approcha précautionneusement de l’ours, prête à fuir si celui-ci montrait quelques signes d’animosité. De près, elle admira sa belle fourrure blanche, épaisse qui semblait si douce au toucher. Ses jolies petites oreilles toutes rondes la firent sourire : comme il était beau! Puis elle croisa son regard. Il avait de grands yeux noirs brillants de fièvre, avec au fond de ses prunelles quelque chose de doux, de triste, de touchant. Elle regarda sa patte blessée, sanguinolente alors elle s’écria:

            « Pauvre bête! Comme tu dois souffrir! Je veux bien t’aider mais promets-moi de ne pas me manger. »

            A sa grande surprise l’ours lui répondit:

            « Ne crains rien, je ne te ferai aucun mal. »

            Signy s’approcha donc tout près de l’animal et de toutes ses forces tira sur le piège pour aider l’ours à se dégager. Lorsque ce fut enfin fait il lécha sa patte blessée.

            « Il faut que je nettoie ta blessure et que je te fasse un bandage sinon la plaie risque de s’infecter. Je vais faire un feu pour avoir de l’eau bouillante. » 

       « Accompagne moi jusque chez moi, il y a tout ce dont tu as besoin là-bas. »

            « C’est d’accord. Je m’appelle Signy et toi? »

            « Je suis Halvor. Pourquoi transportes-tu un sac sur ton dos? »

            La jeune fille parut hésiter puis finalement répondit:

            « On m’a promise à un homme pour lequel je n’ai aucune inclination alors je me suis sauvée. Il est hors de question que j’épouse quelqu’un que je n’aime pas! »

       Bientôt Signy arriva devant les portes du palais de givre, la beauté des lieux la laissa sans voix:

            « Jolie tanière pour un ours! dit-elle ironiquement. Que me caches-tu Halvor?

            L’ours avait fait une croix sur son passé, il s’était résigné à son sort. Il répondit simplement:

            « C’est une longue histoire mais c’est sans importance maintenant, viens, entre. Sois la bienvenue en ma demeure Signy. »

            La jeune fille ne chercha pas à en savoir plus, elle aussi fuyait quelque chose après tout… Elle suivit l’ours jusqu’à la grande salle, mit de l’eau à bouillir dans un chaudron placé au-dessus des flammes de l’immense cheminée, puis pansa la blessure de l’animal. Halvor trouva ses gestes sûrs et doux, cette jeune fille était pleine de délicates attentions. Une fois soigné, il allait vite guérir, d’ailleurs sa patte le faisait moins souffrir déjà.

            « Je demeure seul dans ce grand château. Si tu ne sais pas où aller, si tu le souhaites tu peux rester ici le temps que tu voudras. Pour te remercier de m’avoir aidé, je t’offre l’hospitalité. »

            La jeune fille lui sourit aimablement:

            « Tu es gentil Halvor, j’accepte ta proposition. Cet endroit est merveilleux. Je vais rester jusqu’à ta guérison! »

 

            Ainsi Signy s’établit auprès d’Halvor. Au début la jeune fille restait au chevet de son ours, moments durant lesquels ils passaient des heures entières à discuter. Souvent, Signy ouvrait un livre pour lui faire la lecture. Halvor aimait beaucoup l’écouter lui raconter une histoire: il se sentait bien auprès de cette jeune fille. Elle arriva même à lui faire oublier tout son malheur.

Une fois que l’ours fut totalement rétabli tous deux passaient leurs journées en promenade. Signy montait sur le dos d’Halvor alors il l’emmenait à travers bois et champs. Ils aimaient beaucoup discuter et rire ensemble, ils jouaient et se taquinaient à longueur de temps. A vivre rien que tous les deux, loin de tous, ils étaient devenus insouciants, étrangers au monde extérieur. Ils prenaient beaucoup de plaisir à être réunis et maintenant ils étaient devenus inséparables. Les soirs, près de la cheminée, Signy adorait se blottir contre la fourrure bien chaude de son ours afin de regarder tranquillement les flammes danser. Halvor, lui aimait que Signy lui passe la main sur la tête afin de caresser son poil tout doux et lui faire des gratouilles. Plusieurs mois passèrent donc dans le bonheur absolu et la joie partagée.

 

 

 

 

 

           

Mais le temps s’écoulait rapidement et bientôt le sort jeté par Hilda deviendrait irréversible. Halvor n’avait toujours pas trouvé de fiancée susceptible de l’épouser. Depuis plusieurs mois il vivait en compagnie de la charmante Signy, mais de peur de la perdre, il ne lui avait jamais avoué son amour. Il craignait qu’elle se sauve elle aussi, en courant, comme toutes les autres avant elle… Alors le matin du dernier jour, c’est le cœur lourd que le jeune prince, emprisonné dans ce corps d’ours polaire, s’en retourna au château pour ses dix-huit ans. Cette fois-ci la transformation serait définitive et à vie. Il partit donc seul, sans avertir Signy. A son réveil, la jeune femme fut surprise de ne pas trouver son ami dans le palais. Elle l’attendit dans la grande salle toute la journée près de l’immense cheminée, mais en vain… Pas d’ours. Sans lui elle se sentait soudain seule, terriblement abandonnée, vide. Elle était en proie à une immense angoisse : l’absence de son ours lui fit comprendre à quel point elle tenait à lui. Signy l’attendit un deuxième jour, puis un troisième puis tout espoir de le revoir s’envola alors la jeune fille se mit à pleurer à chaudes larmes: elle se trouvait seule au milieu de ce palais de glace immense et froid! La fée Pritsnia, la marraine du jeune prince, entendit ses pleurs, elle vint la consoler:

            « Que t’arrive t’il mon enfant? Pourquoi tous ces pleurs? Tu n’es pas heureuse avec Halvor? »

            « Si, je l’étais mais Halvor est parti! Il m’a laissée toute seule ici et je suis désespérée! Il me manque tant! Qu’ai-je fait de mal pour qu’il s’en aille sans rien me dire? »

            La fée demanda à la jeune fille:

            « Aimes-tu vraiment ton ami l’ours? »

            « Oui, bien sûr quelle question! »

            « Aujourd’hui c’est son anniversaire, il est certainement retourné au château où vit encore son père, le roi Borsteïn et sa méchante belle mère. »

            La jeune fille fut fort surprise, elle tombait des nues, tout cela était incompréhensible:

            « Que dis-tu là?! Halvor est le fils du roi Borsteïn? C’est un prince? Mais comment est-ce possible, c’est un ours! Il ne m’a jamais rien dit de tel! »

            « Halvor est bien un prince de sang royal mais sa belle-mère, la reine Hilda, lui a jeté un sort afin qu’il devienne un animal, un ours polaire puis elle l’a chassé du royaume afin de régner seule sur ses sujets. »

            « Pauvre Halvor! Que va-t-il devenir? »

            La fée lui expliqua:

            « Je sais qu’il y a un moyen pour inverser ce vilain sort: Halvor peut redevenir humain à la seule condition qu’il trouve une épouse aimante avant une année écoulée. Seulement pendant des mois il a cherché en vain, aucune femme ne voulait se marier à un ours! Demain, une année entière se sera écoulée. A minuit, il restera un ours à tout jamais. »

            « Mais cela est injuste! Pourquoi ne m’a-t-il jamais rien dit? J’aurais pu l’aider! »

            « Je crois qu’il ne t’en a jamais parlé car il avait trop peur que tu t’enfuies toi aussi, que tu refuse et que tu te sauves à jamais. Il est décidé à rester un ours pour la vie entière, il est prêt à en payer ce prix afin que tu restes à ses côtés! »

            Signy se mit à pleurer de nouveau:

            « Je suis prête à l’épouser, moi, je l’aime! Mais c’est déjà trop tard, je n’arriverai jamais au château avant minuit! »

            Pritsnia se mit à sourire de joie et quelques larmes de bonheur perlèrent sur ses joues: Halvor allait être sauvé!

            « Quand on aime, rien n’est impossible! Je vais t’aider, ma petite, à retrouver ton prince charmant! »

            La gentille fée prit la main de Signy et l’emmena à l’extérieur, là elle appela très fort Gürnst, le terrible vent du nord, et attendit. Au-dehors tout était calme quand tout à coup, une bourrasque se mit à souffler puis un vent violent fit vaciller les arbres autour. Le temps se couvrit, les feuilles tourbillonnèrent puis Signy eu soudainement froid: le vent du nord arrivait! Il se présenta devant les deux femmes, ses cheveux ainsi que sa barbe étaient blancs de givre, complètement recouverts de minuscules stalactites. Il fit monter Signy sur ses épaules puis l’emporta en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire en direction du château d’ Halvor. Sur le chemin, la jeune fille se pencha un peu pour voir en dessous d’eux. Au passage du vent du nord les fleurs fanaient, les feuilles des arbres tombaient, les lacs gelaient et si par malheur Gürnst passait trop bas dans la plaine, il faisait s’envoler les tuiles des maisons! Il fila de toute sa puissance puis déposa délicatement Signy sur les premières marches du palais. La jeune fille les gravit à toute vitesse.

 

Pendant ce temps, Halvor se tenait assis bien droit devant le trône de son père et de celui de sa marâtre. Le roi, toujours drogué ne reconnut même pas son fils. Il avait le regard fixé dans le vide, hagard, nullement conscient du drame qui se déroulait aujourd’hui. Hilda se mit à rire méchamment en voyant l’ours blanc entrer dans la salle royale. La reine l’accueillit avec un grand sourire narquois, elle lui dit :

            « Je vois que tu n’as pas trouvé chaussure à ton pied, mon bien aimé Halvor! Personne ne veut épouser un ours mal léché comme toi! »

Elle eut un rire démoniaque, empli de haine. Soudain une petite voix claire se fit entendre parmi l’assemblée présente:

            « Si, moi! »

            C’était comme un cri du cœur qui résonna dans toute la grande salle. Tout le monde se retourna pour voir qui venait de parler. Signy venait d’entrer dans la pièce. La méchante reine fut si abasourdie par ce retournement de situation qu’elle en resta sans voix. La frêle jeune fille se fraya alors un chemin au milieu de la foule qui s’écarta, lui faisant ainsi une haie d’honneur. Elle vint dignement se placer aux côtés de son ours.

            « Je suis Signy et je souhaite de tout cœur épouser cet ours mal léché que voilà. »

Elle prit la fourrure de l’animal à pleine main, plongea son regard dans celui de l’ours puis continua d’une voix douce, attendrie:

            « C’est vrai, comment peut-on résister à des yeux noirs aussi doux!? »

            Elle l’embrassa sur le front en lui murmurant « je t’aime ». C’est alors qu’un énorme nuage sombre vint recouvrir le soleil, baignant la grande salle du trône dans le noir le plus total. Lorsque le nuage se retira, la lumière revint, alors Halvor avait reprit sa forme humaine et embrassait la jolie Signy avec tout  l’amour qu’il avait en lui. Il sourit à la jeune fille puis se tourna vers ses soldats. Sa voix résonna sur tous les murs du château, il ordonna d’un ton ferme:

            « Gardes! Emparez-vous d’Hilda. Mettez-là sur le premier bateau que vous verrez et renvoyez-la chez elle, au royaume de son père. Je ne veux plus voir cette femme ici! »

            Le prince saisi au passage le bras de sa belle-mère puis d’un ton sec et devant toute l’assemblée il ajouta:

            « Si tu oses remettre les pieds en mon royaume, je te ferai décapiter sur le champ pour tout le mal que tu as causé, sorcière! »

 

            Et elle fut emmenée loin, très loin, alors on n’entendit plus jamais parler d’elle… Le soir même, un grand banquet fut organisé en l’honneur des jeunes fiancés. N’ayant plus à boire tous les jours du poison, le roi Borsteïn retrouva très vite la santé. Il put enfin serrer fort dans ses bras sa belle fille. Une vie nouvelle, heureuse commençait pour eux dans un royaume où la paix était revenue, et où tous les ours polaires seraient vénérés à tout jamais.

 

 

FIN

Syrella







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Isabelle de contes.biz